Les vacances prennent congé des pauvres

20 août 2014
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Près d'un Français sur deux ne partira pas cette année. Le Secours populaire relève que les plus démunis ne s'autorisent plus à y penser.

[...] «La crise s'installe. Un Français sur deux ne partira pas cet été, et pour la moitié d'entre eux, la raison économique prime», explique à Libération Didier Arino, directeur du cabinet d'expertise Protourisme. «Seuls 47% des Français envisageaient de partir aux mois de juillet et août. Ils étaient 48% à la même période en 2013.» Les plus démunis sont les premiers touchés et ne songent même plus à voyager l'été. Un état d'esprit que les associations humanitaires tentent de changer. A travers des aides personnalisées et financières, elles permettent à des milliers de personnes en situation de précarité de partir en vacances l'été. Pourtant, ces bénéficiaires peinent encore à imaginer une telle perspective. Inquiétudes Souvent, les bénévoles qui leur proposent de partir essuient d'abord des refus. «On travaille tard, c'est compliqué. Que va-t-on faire de notre logement ? De notre chien ? De toute façon, nous n'avons pas de valises !» sont les inquiétudes récurrentes qui freinent un départ. «Nous faisons germer l'idée qu'ils peuvent partir s'ils le souhaitent et que nous sommes là pour les y aider. Ensuite l'idée doit faire son chemin», explique Franck Dubois (membre du Secours catholique). Une telle perspective est plus difficile à envisager si la personne est seule ou n'a pas d'enfant. Isabelle Senecal, de l'association les petits frères des Pauvres, s'occupe des plus de 50 ans en situation d'isolement. «Trop souvent les personnes âgées ont l'impression de ne servir à rien et se disent que les vacances ne sont pas pour elles», regrette-t-elle. Pour y remédier, les sorties peuvent être progressives : une «journée de vacances», un week-end, et entm un séjour de sept à douze jours dans l'une des maisons de l'association. L'organisme y envoie près de 2 500 personnes chaque été. «Une fois revenus de vacances, ils en parlent autour d'eux et le bouche-à-oreille fait son effet, indique Frank Dubois. Des parents viennent nous demander s'il est possible d'offrir des vacances à leurs enfants.» Des inégalités renforcées Cette année, 57 % des Français partiront en vacances, selon le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc). «C'est sensiblement moins par rapport au milieu des années 90 où 66 % de la population s'offraient des congés», écrit l'organisme, selon lequel le taux de départ en vacances reste «un indicateur très expressif pour cibler les inégalités sociales». Des inégalités qui ne cessent de se creuser: 35 % des foyers aux bas revenus partiront cette année. Ils étaient près de 44 % dans les années 90. «Avec la crise de 2007, les chiffres ont commencé à descendre, passant de 41 % en 2006 à 33 % en 2011 et 2012», selon le Crédoc. A l'inverse, «les hauts revenus partent autant qu'avant, voire plus». Ils étaient 77 % d'entre eux à partir en congés en 2007, et atteindront 80 % en 2014. Juliette Pousson - Libération - 20 août 2014

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