Nantes : retour sur 25 ans d'actions à Beau-Rivage

27 mai 2014
articles les plus récents
  • 28 mars 2024
    Loi Bien Vieillir : une petite loi pour le Grand âge
    Lire l'actualité
  • 27 mars 2024
    Que faire quand une personne âgée ne veut pas d'aide ?
    Lire l'actualité
  • 14 mars 2024
    Perte d’autonomie chez la personne âgée : comment aider votre proche ?
    Lire l'actualité
Voir tout

La Résidence Beau-Rivage de Nantes, a fêté mercredi 21 mai dernier ses 25 ans en tant qu'établissement petits frères d’hébergement transitoire. Retour sur cet événement avec France 3 Pays de Loire et le quotidien Ouest France.

Ce foyer d'hébergement ancré sur les bords de Loire accueille des hommes de plus de 50 ans abîmés par le destin. Et cherche à les remettre debout. On file devant sans le voir. Puis on revient sur nos pas. Oui, la coquette maison de pierre qui se dresse face à la Loire est bien un foyer d'hébergement. Une élégante bâtisse des années 30, mise à disposition par la ville de Nantes, flanquée d'un jardin croquignolet entretenu avec soin. « Le jardin et le potager, ce sont les résidents qui s' en occupent, s' ils le souhaitent » , précise Renaud Monnin, le chaleureux responsable de cet établissement tenu par les petits frères des Pauvres. Le foyer Beau-Rivage, ce jour-là, fête ses 25 ans. Entre deux ondées, entre deux cafés, on va, on vient. Anciens résidents passés saluer les copains. Bénévoles et salariés des Petits frères venus faire un saut. Ça papote, ça rigole. Les souvenirs jaillissent entre deux retrouvailles. On fait la visite. Au premier, la cuisine, la salle à manger, le salon, cosy, bien tenus. À l'étage, les chambres (simples ou doubles), peintes dans des tons pimpants. Au rez-de-chaussée, il y a un atelier pour bricoler qui donne sur le jardin. Toujours complet D'une jauge réduite, le foyer Beau-Rivage peut accueillir seulement neuf personnes. Des hommes, uniquement. De plus de 50 ans. « On est toujours complet. Avec une liste d'attente », indique Renaud Monnin dans son bureau à la porte grande ouverte. En 25 ans, le foyer a accueilli 342 gaillards de toutes les contrées. Europe, Asie, France... Des gars du coin, aussi, cabossés voire brisés. Certains sortent d'un divorce qui les a mis à terre, d'autres sortent de prison. Certains sont à la rue. D'autres sont insérés mais rencontrent un méchant passage à vide. D'autres encore, ont loupé leur passage à la retraite. « Les situations sont extrêmement variées », confirme Renaud Monnin. « On a des gens très autonomes, d'autres pas du tout. » France 3 Pays de Loire - 12/13 édition régionale - France - 22/05/2014 Beau-Rivage (qui porte bien son nom) leur permet de souffler et s'ancrer face à une Loire tantôt grise, tantôt bleue. Le temps du séjour sert à « se soigner, rechercher un logement, remettre à jour sa situation administrative. » Et nouer des liens avec les autres, résidents et bénévoles. «Les personnes accueillies restent en moyenne 7 à 8 mois. Notre souhait, c'est qu'elles séjournent moins d'un an. Sinon, le risque, c'est l'enlisement. À tous, on demande de préparer un projet de vie.» Participation générale Beau-rivage ne fait pas d'hébergement d'urgence. Avant de pouvoir poser ses valises, on s'entretient avec le directeur. Puis on signe un contrat de 3 mois, renouvelable. On s'engage aussi à participer à la vie de la maison. Choix des menus. Préparation du dîner (à tour de rôle). Tâches ménagères. Pour Géraldine Vallée, ancienne salariée des lieux, « les résidents sont confrontés aux choses du quotidien et à leur propre réalité. Ce qui amène des prises de conscience. » Neuf bénévoles des petits frères se relaient sur place (1). Écoute, discussions à bâtons rompus, temps d'animation. La présence et l'échange sont essentiels. Renaud Monnin : « Quand on est seul dans son coin, on peut en crever. » (1) Les bénévoles, il en manque quelques-uns. Les petits frères des Pauvres en recherchent. Contact. Tél. 02 40 50 17 18. Bruno, 55 ans : « Je me suis requinqué l'esprit » Je suis arrivé à Beau Rivage en 2010. Ma copine m'avait viré pour se mettre avec quelqu'un d'autre. Je suis resté au foyer 12, 13 mois. Je travaillais toujours. À La Chapelle-Basse-Mer, dans un atelier protégé : je suis handicapé. Je quittais le foyer tôt le matin, vers 6 h 30, pour aller bosser. Je rentrais le soir. Au foyer, je faisais la cuisine, surtout le week-end. Je donnais des coups de main, je faisais la vaisselle. Ici j'ai pu me requinquer l'esprit. Chez les petits frères des Pauvres, on écoute très bien. Et puis j'ai rencontré des gens. Je me suis fait des copains. Certains ne vivent pas vieux. Deux gars que je connaissais sont morts, dont un ami. Si je n'avais pas eu le foyer, je serais à la rue, j'aurais perdu mon boulot...Aujourd'hui, je vis à Vertou. J'ai retrouvé un appartement. Mais je n'ai plus le droit de travailler. Je suis toujours suivi par les petits frères des Pauvres. Ils m'invitent à la galette des rois, à Pâques, Noël... J'ai reçu un carton d'invitation pour les 25 ans de Beau rivage alors je suis venu. » Didier, 62 ans : « Je passe mon temps dans le jardin » J'ai eu des problèmes de divorce. Et puis j'ai baroudé pas mal. Dix ans en Afrique... Je suis rentré en France avec le palu. Je me suis retrouvé à Nantes fin 2012. J'ai connu le 115... On m'a envoyé d'abord au Prieuré de Vertou, chez les petits frères des Pauvres. J'y suis resté un peu. Puis, une place s'est libérée à Beau-Rivage. Ça m'a permis d'avoir un lieu sûr et à manger. Je suis un ancien chauffeur routier. J'ai arrêté mon métier à 42 ans à cause d'un accident. Je vis, aujourd'hui, avec 495 EUR par mois. Quand on abuse pas, ça va. Ici je m'occupe du jardin, des fleurs, du potager. Je passe mon temps dans le jardin, je suis bien. Je vais récupérer du bois flotté dans la Loire et j'en fait des sculptures. Quand j'aurai mon appart 'je reviendrai faire le jardin. Je suis à Beau-Rivage depuis plus d'un an, ça commence à peser. Moins depuis que j'ai ma chambre à moi. La famille ? Non c'est fini. J'ai trois enfants, je ne les vois plus. Je préfère avoir de bons copains, comme ceux que je me suis fait ici. La famille, c'est trop douloureux. » Isabelle Moreau | Ouest France | 26/05/2014

Dans la même catégorie