« C’est vrai que ces moments viennent rompre ma solitude »
Monique, 82 ans, habite avenue Roger-Salengro; elle peine à marcher, handicapée par son asthme. Ce jeudi après-midi, elle doit recevoir la visite de Jean, bénévole parmi les cinquante-cinq que comptent les petits frères des Pauvres. Toutes les trois semaines, le retraité vient donner de son temps à Monique : parler de tout et de rien, prendre des nouvelles de sa santé, faire preuve d’attention, rendre des petits services… Et ce jour-là, lui porter un livre, un roman policier, car « Monique aime lire », commente Jean. « C’est vrai que ces moments viennent rompre ma solitude », confie Monique ; elle qui n’a pas pris d’emblée la mesure de son isolement, comme nombre des soixante-quatre autres personnes âgées isolées visitées par l’association.
Lutter contre la vulnérabilité
Décès du conjoint, éloignement des enfants, difficulté à se déplacer… les raisons qui plongent une personne dans l’isolement, a fortiori la vulnérabilité, diffèrent selon les parcours de vie. « Une personne âgée isolée risque de se replier sur elle-même et perdre confiance en elle ; elle ne se signalera pas et n’accèdera pas forcement à ses droits. Il s’agit d’établir le contact avec elle avec respect et dignité », expose Juliette Bidard, directrice du Centre communal d’action social (CCAS). Dans une société en crise, l’action communal est devenue un lien fondamental : aides à domicile, portage de repas, mais aussi tenue du registre annuel de veille (528 inscrits appelés lors des plans canicule) ; le département coordonne la plateforme d’intervention de téléassistance en cas de chute, de malaise (553 abonnés campinois). Sans oublier les actions ponctuelles et festives : distribution de chocolats, repas des seniors avec 2500 convives chaque année. « Nous coordonnons la commission vulnérabilité qui regroupe les professionnels (CLIC, centre municipal de santé, travailleurs sociaux…) afin d’identifier les personnes vulnérables et déclencher une aide. Nous ne voulons laisser personne sur la touche », rappelle Stéphanie Dupré, maire adjointe à l’action sociale.
Car derrière une porte, du Bois-l’Abbé et d’ailleurs, il peut y avoir une personne oubliée
Oser parler
Cette bataille contre l’isolement, l’association de quartier Bois-l-Abbé, Ensemble les Papy Mamy, la mène au quotidien : « Nous allons au-devant de toutes les personnes âgées que nous croisons et trouvons par le biais des pharmacies, des infirmières de ville… Nous allons frapper aux portes pour parler, leur dire de venir à l’association, de sortir de chez elles. Et lorsqu’une personne ne peut pas se déplacer, nous allons la chercher », insiste Marie-Thérèse Acasse Adorno, trésorière. Avec la présidente, Elsie Hypolite, 80ans et une vie consacrée au bénévolat, elles agissent ainsi depuis six ans : un travail de fourmi, de proximité et de solidarité qui a déjà fédère cinquante adhérents, comme Ermelinda, Arlette, Denise ou Marthe. « Car derrière une porte, du Bois-l’Abbé et d’ailleurs, il peut y avoir une personne oubliée », rappelle Marie-Thérèse. Alors, un petit échange, entre voisins, dans la rue, à la boulangerie, c’est aussi une manière de redonner sa dignité à la personne isolée. « Et ça, tout le monde peut le faire ! », s’exclame Angèle Rungette, coordinatrice aux petits frères des Pauvres.
Par Virginie MORIN - Champigny notre ville février 2016