Un Français sur deux est prêt à s’occuper de personnes âgées

30 septembre 2014
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Exclusif : pour la Journée internationale des personnes âgées, mercredi 1er octobre, La Croix publie, en partenariat avec les petits frères des Pauvres, un sondage exclusif sur les rapports que les Français entretiennent avec leurs aînés dépendants.

48 % d’entre eux seraient prêts à consacrer au moins une heure par semaine à une personne âgée lors d’une activité bénévole. Avec l’opération des « Fleurs de la fraternité », organisée le 1er octobre, les petits frères des Pauvres entendent convertir ces bonnes intentions en actes. La France, une société du chacun pour soi, qui voue un culte à la jeunesse et tourne le dos à ses aînés ? Pas tout à fait, à en croire un sondage sur les liens de la population à ses aînés, en exclusivité pour La Croix. En réalité, face au nombre croissant de personnes âgées de plus de 75 ans qui souffrent de solitude, les Français se disent prêts à relever le défi de la solidarité. On ne part pas de rien. En effet, selon l’étude, 68 % des personnes interrogées sont déjà en contact régulier avec une personne âgée de leur entourage, indique l’enquête menée par BVA pour les Petits frères des pauvres (1). L’essentiel des contacts (77 %) ont lieu dans la sphère familiale proche (enfants, petits-enfants, frères, sœurs). Sinon, le tissu social entre les générations se décline selon une règle de proximité : 20 % des personnes qui nouent une relation le font par amitié, 13 % parce qu’ils habitent dans le voisinage, seuls 2 % gardant le contact via une association de solidarité. UN GISEMENT DE BONNES VOLONTÉS Les Français seraient enclins à faire bien plus. À en croire l’enquête, 22 % déclarent vouloir consacrer du temps à une personne âgée dans le cadre d’une activité bénévole. Cette proportion atteint même 41 %, parmi les étudiants. Hors cadre associatif, 18 % se disent prêts à s’occuper spontanément d’un ami ou d’un voisin. Le gisement de bonnes volontés pourrait être encore plus large, à condition que celles-ci soient encouragées : à la question plus directive « Combien de temps seriez-vous prêts à consacrer à une personne âgée ? », 48 % des personnes interrogées répondent ainsi une heure ou plus par semaine. « C’est vrai, l’individualisation de notre société créée un manque de relation, mais elle produit dans le même temps une envie de lien social et un désir d’engagement », analyse Jean-François Serres, délégué général des Petits frères des pauvres. L’association permet aujourd’hui l’accompagnement de 40 000 personnes âgées grâce à l’engagement de 10 000 bénévoles. 70 000 FLEURS DISTRIBUÉES Mercredi 1er octobre, l’organisation de solidarité se déploiera dans 160 villes de France pour son opération « Fleurs de la fraternité ». Près de 70 000 fleurs seront ainsi distribuées au grand public, comme autant de prétextes pour aller les offrir à des personnes âgées souffrant de solitude. Le sociologue Serge Guérin reste « prudent » sur les résultats de cette étude, qui reposent sur du déclaratif. Pour ce spécialiste des questions liées au vieillissement, les données qui en ressortent traduisent néanmoins un besoin de repères, surtout chez les générations nouvelles. « Mondialisation oblige, les gens ne savent pas toujours où ils en sont. Il y a cette envie de se ‘‘ré-enraciner’’auprès des aînés avec l’idée qu’ils sont des fils conducteurs dans l’histoire du pays », explique l’expert. Les séniors ont donc eux aussi des choses à apporter. « Une personne âgée de 80 ans va très bien comprendre une angoisse sur l’avenir par rapport à l’emploi. Elle pourra plus facilement aider les plus jeunes à relativiser », poursuit-il. DES ÉQUIPES CITOYENNES DE PROXIMITÉ Les Petits frères des pauvres espèrent rallier un maximum de personnes au projet Monalisa, dont l’association est chef de file. Soutenue par le gouvernement depuis son lancement en janvier dernier, cette initiative a pour but de donner plus de visibilité aux actions d’accompagnement des personnes âgées. Elle réunit à présent 90 associations et centres d’action sociale sous la même bannière. Grâce à ce regroupement, une quarantaine d’« équipes citoyennes de proximité » ont déjà été créées. La plupart sont des émanations de structures préexistantes, mais leur mise en réseau donne à d’autres l’envie de se joindre au mouvement. À Cholet (Maine-et-Loire), un projet est né du rapprochement de la caisse de retraite, des associations d’aide à domicile et des organisations de solidarité. Ce maillage inédit permet une meilleure détection des personnes isolées. RÉDUIRE LA VULNÉRABILITÉ DES ANCIENS Sur un modèle comparable, à Guéret (Creuse), une coopération a commencé entre des bénévoles et l’institut régional de prévention, dans le cadre du contrat local de santé. Ils font le pari que la réduction de l’isolement permettra par la même occasion de réduire les risques sanitaires, et la vulnérabilité des anciens. Une équipe en Corse est également sur le point de se constituer... « Nous voulons encourager la multiplication de ces petits groupes, car les grandes associations ont parfois du mal à développer des actions à l’échelle du quartier », précise Jean-François Serres. Et de lancer : « Que les personnes prêtes à agir près de chez eux se manifestent auprès de Monalisa, elles seront épaulées par nos chargés de mission pour trouver le partenariat de proximité le plus adéquat ». _______________________________________________ Les très âgés en chiffres Les Français âgés de 75 ans et plus étaient 5,7 millions en 2012. On en comptera 12 millions en 2060. Selon une étude de la Fondation de France menée en juillet dernier, 27 % de Français de plus de 75 ans n’auraient plus de relations sociales, contre 16 % en 2010. Parmi eux, 36 % expliquent leur sentiment de solitude par le décès de leur conjoint. Le tissu social de proximité a également tendance à s’éroder : 48 % des personnes âgées discutent au moins une fois par semaine avec la concierge, la boulangère ou la dame du premier, contre 58 % l’an dernier. La mobilité des enfants, éloignés de leurs parents pour se rapprocher des bassins d’emploi, joue également un rôle important. Le projet de loi sur l’adaptation de la société au vieillissement actuellement en discussion prévoit une revalorisation de l’allocation personnalisée d’autonomie pour 700 000 personnes âgées. Quatre millions d’aidants familiaux gagnent un « droit au répit », et 80 000 logements privés adaptés seront construits d’ici à 2017. Jean-Baptiste François - La Croix - 29 septembre 2014 (1) Administrée du 12 au 13 septembre 2014 au téléphone auprès d’un échantillon de 977 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

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