Témoignage

Jean-Claude, hospitalisé à l'hôpital pénitentiaire de Fresnes

18 février 2013
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Tu avais donné ton accord pour me rencontrer… Tu étais hospitalisé à l’hôpital pénitentiaire à Fresnes ; je suis venu chaque semaine à partir du 17 août et jusqu’au 5 novembre…

Des visites au parloir puis dans ta « chambre-cellule » car tu ne pouvais plus descendre ; nous passions une heure à une heure trente à bavarder ou à rester en silence … Tu nous as quittés le 8 novembre … A l’âge de 48 ans ! Notre relation a grandi d’une manière singulière, mystérieuse. Est-ce due à une confiance vite établie ? le temps compté pour toi ? … Je ne sais répondre … J’ai tenté de marcher à tes côtés avec mes interrogations, mes incertitudes … Je retiendrai d’abord ton sourire énigmatique tout au long de mes visites. Je n’oublierai pas de sitôt les conversations autour de ta vie quotidienne : la nourriture, la télé, ta pension d’indigent, tes hospitalisations à La Salpêtrière, le cliquetis insupportable des clés dans les portes… jusqu’aux confidences de ta vie bouleversée, chaotique, en rupture de ban avec ta famille et la société : enfance à Montreuil, un coma suite à un accident, la « perpète » au centre de détention près de Colmar, le décès de ta maman en décembre dernier difficile à assumer, tes frères et sœurs, ton héritage et son utilisation, ton envie d’évasion ! … Lle personnel soignant très proche, ta maladie et les métastases au cerveau. Tu m’avais demandé qu’on se tutoie. Notre avant-dernière rencontre fut presque gaie avec la lettre que tu m’as dictée pour ta sœur et ton souhait discret de bénéficier d’une remise de peine pour fin de vie et être accueilli par ta sœur … Je t’ai vu 3 jours avant ton décès, tu avais terriblement changé, tremblant, mutique … Merci de m’avoir manifesté une grande confiance dans cet univers hostile, d’avoir pu parler de tes angoisses, de ta peur de la mort, de ta gratitude pour l’une ou l’autre infirmière pour leurs qualités à ton égard … J’en suis encore ému. Aujourd’hui je suis triste car nous ne nous croiserons plus. Tu étais naturellement dans mes pensées de la semaine. Je suis aussi révolté car tu as fini tes jours en prison …  loin des tiens. J’ai eu un grand besoin d’en parler avec les soignants qui t’ont aidé avec grande humanité à quitter notre rive … Cette conversation m’a fait beaucoup de bien. Cela montre la place précieuse que tu avais prise en moi. Thierry

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