Témoignage

Zelda, étudiante et bénévole au domicile d'une personne malade

13 juin 2013
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Suivons Zelda, 22 ans, étudiante en psychologie et accompagnant bénévolement Madame B., 75 ans.

Zelda, tu es étudiante en psychologie. Peux-tu nous préciser où tu en es dans ton cursus ? Je finis très bientôt ma 4èmeannée. Et dès que j’aurai obtenu mon master 1, j’aimerais beaucoup faire en 5èmeannée la spécialisation en psychologie clinique. On suppose que ce choix a un impact sur ton orientation professionnelle ? Oui. J’aime beaucoup le contact avec l’humain. La psychologie clinique, me permet de concilier mon travail avec mon goût du contact humain. En outre, écouter les personnes, j’aime ça parce que les écouter, c’est les rencontrer. En tant que psychologue clinicienne, j’aurai à essayer de guérir des personnes en souffrance. Dans ce cas, l’accompagnement de personne à domicile « me parle » car il faut aller vers l’autre, au rythme de l’autre, qu’il s’exprime, et qu’on génère ainsi un mieux-être. Zelda, ici, au Pôle Accompagnement des Personnes Malades des petits frères des Pauvres, tu réalises ton stage en psy, et tu fais du bénévolat d’accompagnement d’une personne âgée malade. Avant ce stage qui se conjugue avec un bénévolat, est-ce que tu t’étais projetée dans l’accompagnement de personnes âgées malades, ou gravement malades, voire en fin de vie ?J’avais pressenti ma capacité de faire du bénévolat auprès de personnes gravement malades ou en fin de vie, mais je ne me m’étais pas projetée spécialement avec un âge spécifique. Je me souviens qu’autour de moi, tout le monde me disait : « il y a toujours un espoir avec les enfants ». Cependant,  la vie est présente partout, et il y a de l’espoir aussi chez les personnes âgées. A tous les âges de la vie qui finit, il s’agit de vivre jusqu’au bout le mieux, entouré, en contact. L’espoir des personnes en fin de vie, c’est aussi que quelqu’un vienne. Tout à l’heure, nous allons nous rendre ensemble chez Madame Balla, la personne auprès de laquelle tu fais ton bénévolat. Comment reçoit-elle ta venue, en sachant que ce jour-ci, tu te présenteras à son domicile en étant accompagnée d’une salariée ? Depuis octobre 2012, je vais chez Madame Balla tous les mardis après-midis. Crois-moi, en quelques mois, des liens se créent. Là, dans une heure, elle attend ma visite. Elle sait que je viendrai avec une salariée petits frères, et elle en est ravie ! Grâce à Valentine - salariée, Coordinatrice de Développement Social de la Fraternité Accompagnement des Personnes malades -, grâce aux bénévoles et salariés de la Fraternité Saint-Maur dédiée à la précarité, Madame Balla, elle sait que bénévoles ou salariés, on est tous dans la même solidarité. Et ça fait combien de temps que les petits frères accompagnent Madame B. ? Madame B. a 75 ans, et ça va faire 2 ans qu’elle est suivie par des bénévoles et salariés petits frères. Elle vit dans une chambre d’hôtel. Dans cet hôtel, les petits frères des Pauvres louent 6 chambres, pour des personnes âgées qui subissent la  précarité. Elle a été SDF mais maintenant elle se sent en sécurité. Elle a été installée ici par la Fraternité Précarité (St Maur). Mme Balla paye sa quote-part, en fonction de ses moyens. S’il y a des parties communes ? Non, il n’y a pas de lieu de vie en commun, ni même un lieu pour cuisiner. Est-ce que Madame B. cherche à se lier aux autres locataires des chambres de l’hôtel ? Non. Les autres sont aussi dans la précarité. Les personnes de son environnement dont elle est la plus proche, c’est la sympathique épouse du gérant  de l’hôtel, et la femme de ménage qui s’occupe très bien de l’entretien de l’immeuble et passe aussi nettoyer régulièrement sa chambre. Cela fait des mois que tu accompagnes bénévolement Madame B.. Quels traits de son caractère et de sa personnalité ce temps partagé a-t-il pu laisser émerger ? Comme tu vas pouvoir le constater tout à l’heure, Madame Balla, c’est une vraie personnalité. Elle a une grande force de vivre, elle rebondit tout le temps, elle a beaucoup de ressources. Elle se bat contre la maladie. Elle rit beaucoup. Elle adore être entourée. C’est une force de la nature. Elle a en elle une joie de vivre, et en même temps, elle réfléchit beaucoup. Dans son pays d’origine, le Cameroun, elle était institutrice. Tu viens d’évoquer sa grande force de vivre, et tu perçois nettement qu’elle se bat contre la maladie. Est-ce que Madame B. parle de sa maladie ?  Oui. Par exemple,  la veille de ses chimiothérapies, elle a des échanges intenses, y compris avec les infirmières. Elle peut reconstituer un historique de sa santé.  Je sais qu’elle a 2 cancers. L’un est stabilisé, l’autre non.  Un de la peau, l’autre gastrique, je crois mais je ne sais plus. Elle alterne des phases de repos et des phases de chimio.  Et même si les médecins ne peuvent pas évaluer le temps de prolongation de la vie, actuellement, il n’y a pas de pronostic vital engagé. Es-tu amenée à accomplir ton bénévolat auprès de Madame B. en sortant de temps et temps avec elle, en l’accompagnant à l’extérieur ? Oui, il m’est arrivé de l’emmener à l’hôpital pour un examen médical car elle avait peur d’y aller toute seule. Accompagner, c’est un vrai travail d’équipe ! Valentine, la salariée de la Frat Accompagnement,  est en lien avec toutes les structures, notamment le généraliste et la cancérologue. Quand Madame B. sort de sa chimio, un bénévole de la Fraternité Paris St Maur Précarité vient lui apporter son repas. Et tous on sait que son infirmière passe chez elle tous les matins. Tu verras, c’est une femme cultivée avec qui on ne risque pas de s’ennuyer ! Zelda, cet accompagnement est-il ta première expérience de bénévolat ? Pour tout t’avouer, j’ai commencé à m’investir dans du bénévolat à l’âge de 18 ans. J’étais scout et je m‘occupais d’enfants, les louveteaux, qui ont entre 7 et 12 ans. Et il y a maintenant 2 ans de ça, j’ai fait du bénévolat avec l’Association « Tête en l’air ». C’était à l’hôpital Necker, au Service de Neurologie enfants qui ont une tumeur au cerveau. J’allais au petit déjeuner, le samedi matin. Les parents se rencontraient, y compris avec les parents précédents qui avaient déjà vécu ça pour leur enfant, et qui venaient les soutenir. Et là, maintenant, oui, moi qui m’étais jusqu’à présent investie auprès d’enfants, être bénévole auprès de personnes âgées, et à leur domicile, c’est une «première » pour moi ! Qu’est-ce qu’il t’a appris, ce bénévolat d’accompagnement d’une personne âgée malade, à son domicile ? Vraiment, je suis contente d’avoir découvert ce bénévolat. Il se passe beaucoup de choses. J’ai été agréablement surprise du lien qu’on peut créer, de l’authentique rencontre avec la personne accompagnée. Toutes les deux, nous nous sommes rencontrées. La capacité de cette dame à investir la relation qu’on a, ça se traduit par un réel échange, un vrai partage. Nos « merci » sont réciproques ! Il y a une vraie reconnaissance du bénévole par Madame B. : pour elle, c’est Zelda en priorité. Mon bénévolat avec elle crée des choses très fortes, un lien qui dure, et une certaine connivence. Mais j’ai appris aussi à me positionner. Tu peux nous préciser en quoi consiste ce positionnement ? Hé bien, l’année universitaire prochaine, je vais partir faire mon Master 2 au Canada ! Cela exige la bonne et juste distance. Et Madame B., avec toute son intelligence, a bien perçu cette sorte de « cadre ». Elle sait qu’en septembre prochain, nous serons à des milliers de kilomètres l’une de l’autre. Elle sait que de nouveaux bénévoles de la Fraternité Accompagnement des Personnes Malades prendront le relais. Mais ce qu’elle sait aussi, c’est que je prendrai de ses nouvelles. Et, sans même que je lui aie dit, elle a aussi compris qu’elle m’inspire beaucoup par sa manière de concevoir, de voir et de vivre les choses. Je suis si contente que nos chemins se soient croisés. Alors, maintenant, direction ensemble le métro pour aller la rencontrer ? Oui, on y va. Et, telle que je la connais, je pressens que Madame B., informée de notre visite, se réjouit déjà de témoigner de ce qu’elle vit, et de qui elle est Internautes, si vous souhaitez nous contacter : Valentine Palies, Coordinatrice de Développement Social Tél : 01 48 06 45 00 Et nous vous donnons bientôt rendez-vous sur ces pages, pour partager avec nous le témoignage de Madame B., 75 ans Communication Fraternité Accompagnement des Personnes Malades accompagnementdesmalades@petitsfreresdespauvres.fr Maryvonne Sendra 

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