Je m’appelle Priscille, j’accompagne Madame Clément depuis quelques mois. Cela faisait longtemps que je voulais faire du bénévolat, et en particulier avec les personnes âgées.Je vais voir Madame Clément un samedi sur deux à l’hôpital Garonne (Toulouse) . Elle est en Unité de soins longue durée.Dès que j’arrive, je vois toujours ce Monsieur qui passe et qui repasse, en fauteuil roulant dans le couloir, il ne dit rien, il passe…On peut aussi entendre un cri déchirant parfois Maman, maman aide-moi… Je n’ai jamais su de quelle chambre venait ce cri.J’arrive. Madame Clément fait un grand sourire, et ses yeux pétillent de joie. – Ah mais c’est vous ! Prenez donc un bonbon, ou un chocolat.- Mais non, Madame Clément, je viens pour vous voir, pas pour vos chocolats.- Mais moi, je n’ai rien à vous offrir.- Eh bien, ce n’est pas grave, ça me fait plaisir de vous rendre visite !- A moi aussi, ça me fait plaisir. Très vite, elle me parle de sa vie, de la gentillesse de son fils, de ses expériences qui l’ont marquée. J’en apprends beaucoup sur sa générosité, sa capacité à ne pas rester en place, ses peines… Je m’ennuie. Je m’ennuie beaucoup. Je suis énervée. Ça me fait mal dans tout l’estomac, tellement je suis énervée. J’aimerais pouvoir marcher, me lever, pourquoi on ne me lève pas? Heureusement que vous êtes la, ça m’aide. Madame Clément est très reconnaissante du temps qu’on lui consacre. Mais pour moi ce n’est pas grand chose et c’est un acte qui a beaucoup d’importance à mes yeux. On a un âge très opposé toutes les deux (j’ai 19 ans, elle en a 92), mais lorsque j’échange avec elle, j’en apprends beaucoup sur certains points dans la vie, et j’admire également sa conception de la vie. Lorsqu’elle me raconte ses peines et ses souvenirs, je ne dis rien, je l’écoute, grâce à cette expérience j’ai vraiment appris à écouter… Et Madame Clément affiche un sourire profond et sincère. Je pense que Madame Clément m’apporte mille fois plus que ce que je lui apporte, mais elle ne s’en rend pas compte.Lorsque je repars, elle me remercie beaucoup et me salue de la main jusqu’à ce que je m’éloigne. Je suis en vacances en ce moment, je lui ai dit au revoir pour 3 mois. Avant de partir, elle m’a dit vous êtes une partie de moi, vous me manquerez beaucoup… Cette phrase est le plus beau cadeau que j’ai pu entendre.Je me sens bien de lui avoir apporté un petit temps de bonheur, un petit moment d’évasion unique dans cet environnement si triste… Je n’ai jamais vraiment aimé l’hôpital, mais je suis pleinement heureuse chaque fois que je m’y rends car c’est une vraie bénédiction de pouvoir apporter un peu de joie à Madame Clément.
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