Fausse bonne idée #1 : Les technologies numériques et l’IA
La bonne intention : Connecter les personnes âgées au monde numérique pour leur permettre de communiquer, s’informer et se divertir.
Les pièges à éviter :
- Offrir une tablette ou un smartphone à une personne âgée sans lui expliquer comment l’outil fonctionne, comment l’adapter à certains de ses besoins, ou comment installer des applications peut amener à l’inverse du résultat souhaité, c’est à dire renforcer un sentiment d’exclusion et de non-adaptation au monde.
- Ce qui est à la base un outil peut devenir une source profonde de stress pour la personne âgée qui n’arrive pas à le maitriser. Pour beaucoup, l’accès même à l’équipement ou à une connexion reste un obstacle et l’utilisation d’internet expose à des risques (arnaques) face auxquels un accompagnement est aussi nécessaire.
- Les interactions virtuelles comme celles que produisent les Intelligences Artificielles (IA) qui simulent l’empathie pour “prendre des nouvelles” des grands-parents ne sont pas des solutions efficaces dans la lutte contre l’isolement des personnes âgées. Si l’intention affichée peut séduire, le caractère purement algorithmique de ces échanges ne peut remplacer la chaleur et l’authenticité d’un lien humain sincère. Le risque est double : d’une part, une possible confusion ou détresse chez des personnes vulnérables et d’autre part, une aggravation de l’isolement si ces technologies venaient à se substituer aux visites et aux contacts réels, réduisant à peau de chagrin les interactions humaines pourtant vitales.
La bonne méthode : La technologie numérique doit être choisie par la personne. Elle doit s’accompagner d’un soutien adapté et s’intégrer dans une démarche globale de socialisation de la personne et non comme une solution en soi.
Le point de vue des Petits Frères des Pauvres : Les technologies algorithmiques sont une autoroute vers la déshumanisation des liens sociaux et risquent d’accroître de manière exponentielle l’isolement des personnes âgées, alors même qu’elles se présentent comme une solution face à ce phénomène grandissant (voir notre baromètre 2021 sur l’isolement).
Fausse bonne idée #2 : « Faire pour »
La bonne intention : Se dire qu’on va aider, soulager ou protéger une personne âgée en faisant tout à sa place, voire en prenant les décisions pour elle.
Les pièges à éviter :
- Agir systématiquement à la place de la personne que vous aidez peut renforcer un sentiment d’inutilité qu’on retrouve fréquemment chez les personnes âgées isolées. Cela peut lui donner l’impression d’être incapable et ainsi mettre à mal son estime de soi.
- En ne la lassant plus rien faire, pour la soulager ou lui éviter de se fatiguer, on risque paradoxalement d’aggraver sa situation médicale et accélérer une perte d’autonomie qui n’est pas inéluctable.
- Cette attitude qui part d’un bon sentiment peut créer de l’incompréhension et même du ressentiment envers les aidants et reflète souvent des stéréotypes liés à l’âge.
La bonne solution : Plutôt que « faire pour », adoptez la posture du « faire avec ». Écoutez les besoins de la personne que vous aidez et adaptez votre aide à ses demandes. L’aider dans ses activités du quotidien, c’est l’assister plutôt que la remplacer.
Fausse bonne idée #3 : Le maintien à domicile à tout prix
La bonne intention : Vouloir vieillir dans son domicile est légitime et c’est un souhait de la majorité des personnes âgées en France (cf notre rapport sur les vieux de banlieue)
Les pièges à éviter :
- Un logement inadapté apporte son lot de dangers quotidiens à une personne âgée en perte d’autonomie : risques de chutes, d’enfermement et d’isolement aggravé. En fonction des handicaps, de la perte d’autonomie, des soins spécifiques voire une surveillance continue deviennent nécessaires. Un logement non adapté n’est plus un lieu sûr et ne permet pas une vie digne pour nos aînés.
- Sans un soutien humain adapté, les proches qui adoptent le rôle d’aidant peuvent s’épuiser physiquement et moralement face à des situations pour lesquelles ils n’ont pas été formés, ce qui peut dégrader la relation aidant-aidé et la santé des personnes impliquées.
- Dans les situations d’isolement extrême, où les contacts sociaux sont rompus et la surveillance fait défaut, le maintien à domicile à tout prix peut mener au drame de la mort solitaire, une réalité intolérable contre laquelle Les Petits Frères des Pauvres se mobilisent activement.
La bonne solution : Maintenir une personne âgée à domicile doit être un choix réfléchit, appuyé par une bonne évaluation des besoins de la personne, de l’adaptation de son logement à ces besoins et par un soutien humain qui peut être plus ou moins permanent.
Explorer des alternatives au logement individuel peut dans certains être la meilleure solution.
Fausse bonne idée #4 : Les attentions sporadiques
La bonne intention : Rendre visite à une personne âgée, lui faire sentir qu’elle n’est pas seule.
Les pièges à éviter :
- Les attentions superficielles : les attentions sont toujours bonnes à prendre, surtout envers une personne âgée isolée, cependant des relations trop superficielles et trop peu fréquentes ne suffisent pas à atténuer le sentiment de solitude quotidien.
- Il ne suffit pas de se donner bonne conscience. Des attentions superficielles ne répondent pas au besoin de lien social authentique, régulier et fiable et peuvent même créer une attente qui si elle est suivie d’une déception, provoque un sentiment d’abandon.
La bonne solution : Engagez-vous dans un accompagnement relationnel de qualité, sincère et inscrit dans la durée. Habituez la personne isolée à une présence régulière et prévisible, soyez à son écoute et faites preuve d’empathie. Des échanges authentiques sont une des meilleures réponses possibles face aux sentiments d’inutilité et d’exclusion.
Fausse bonne idée #5 : Les activités non adaptées
La bonne intention : Proposer ou mettre en place des activités de groupe pour stimuler et amuser la personne que vous accompagnez.
Les pièges à éviter :
- Des activités non adaptées, infantilisantes ou ne tenant pas compte des préférences ou des désirs individuels peuvent renforcer un sentiment d’inutilité et d’exclusion.
- La simple participation à un groupe ne garantit pas des liens de qualité. De la même manière, une participation forcée à des activités non adaptées peut être très mal vécu.
- Des activités sans réelle apport ou contribution de la personne ou une participation superficielle peuvent paradoxalement aggraver le sentiment de solitude et d’inutilité.
La bonne solution : Enquêtez. Essayez de construire des solutions avec la personne que vous accompagnez. Proposez diverses activités jusqu’à trouver celle qui l’enchante et lui donne envie. Des activités qui valorisent certaines compétences et/ou qui sont basées sur du partage et de l’échange sont de formidables outils de motivation qui respectent la dignité de la personne âgée.
Les Petits Frères des Pauvres : Des solutions contre l’isolement
La lutte contre l’isolement des personnes âgées est complexe et ne s’accommode pas de solutions toutes faites. Chez Les Petits Frères des Pauvres, nous pensons que chaque personne est unique et qu’il en va de même pour les solutions à proposer. Forts de notre expérience, nous privilégions :
- L’écoute active des souhaits individuels de la personne.
- La co-construction des solutions, en impliquant les personnes accompagnées : « faire avec » et non « faire pour ».
- Le respect absolu de l’autonomie et de la dignité des personnes.
- La création de liens sociaux authentiques, de qualité et inscrits dans la durée.
Nos actions sur le terrain – visites régulières à domicile ou en établissement, séjours de vacances adaptés, soutien moral ou administratif, animations choisies et partagées, visent à restaurer le lien social, l’estime de soi et le goût de vivre.
Ces solutions contre l’isolement des personnes âgée demandent un engagement constant et des moyens significatifs. Elles ne sont possibles que grâce à la générosité de nos donateurs.
Pour nous aider à continuer d’offrir un accompagnement de qualité et rompre l’isolement de milliers de personnes âgées, chaque don compte.