Milieu rural : quand l’absence de sorties isole
Le 3e Baromètre de l’isolement des personnes âgées, publié par les Petits Frères des Pauvres, révèle une tendance inquiétante : les habitants des petites communes, souvent rurales, sont plus touchés par la sédentarité et l’isolement que ceux des grandes villes.
- 9% des 60 ans et+
vivant dans des communes de moins de 2 000 habitants ne sortent jamais ou moins d’une fois par semaine
- Près de 6 sur 10
ne sortent pas tous les jours, contre seulement 3 sur 10 en agglomération parisienne
Un des facteurs majeurs : la disparition progressive des commerces de proximité. En 2021, 62% des communes rurales ne disposaient plus d’aucun commerce. Ce recul, au-delà de l’impact économique, prive les habitants, notamment les plus âgés, de lieux de vie et de lien social.
Les communes, premiers remparts contre l’invisibilité sociale
Si l’isolement ne peut pas se régler uniquement par une loi, il peut donc se combattre localement. Les municipalités, de par leur proximité et leur capacité d’action, sont le premier maillon de la chaîne.
Leurs compétences en matière d’action sociale, d’aménagement ou de transport leur donnent une responsabilité directe. À l’approche des élections municipales de 2026, il est crucial de rappeler que le rôle des élus locaux va bien au-delà de la gestion des infrastructures : il touche au quotidien, à la dignité et à la vie sociale des aînés.
Repérer, prévenir, agir : les outils à disposition des communes
Les communes ne manquent pas de leviers pour agir efficacement :
- Repérer les fragilités : mieux utiliser les fichiers « Canicule », expérimenter des grilles d’évaluation de l’autonomie ou construire des programmes innovants pour prévenir les situations d’isolement
- Prévenir l’isolement : mettre en place des actions simples mais décisives : visites à domicile, recensement régulier des besoins, mobilisation des bénévoles
- Créer des espaces de convivialité : certaines communes ont ouvert un bistrot au sein d’un EHPAD ou imaginé des lieux de rencontre intergénérationnels.
Ces initiatives, souvent portées par les CCAS (Centres communaux d’action sociale), montrent que l’innovation sociale peut naître au cœur des territoires, même dans un contexte budgétaire contraint. Comme le rappelle Élodie Bacoup, de l’UNCCAS (Union nationale des centres communaux d’action sociale) :
« Sans le service public de proximité, ce sont les plus fragiles, et parmi eux les personnes âgées, qui paient le prix fort d’un lien social profondément abîmé. »
Un enjeu politique et citoyen
Lutter contre l’isolement des personnes âgées s’impose comme un enjeu politique, qui engage la responsabilité collective. Les communes, par leur connaissance fine des habitants, leur capacité à mobiliser les ressources locales et leur proximité avec la population, sont au centre de la réponse.
Alors que 750 000 personnes âgées vivent déjà sans aucun lien social, il y a urgence à agir. Prévenir l’isolement, c’est préserver bien plus que le quotidien : c’est défendre une société où chacun, quel que soit son âge ou son lieu de vie, garde une place et une dignité.