Aider les anciens à éloigner la solitude de l'hiver

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Pour lutter contre la solitude de l'hiver, les petits frères des Pauvres proposent au château de Gigny-sur-Saône un hébergement temporaire aux personnes âgées.

 
Il est 10 heures au château de Gigny-sur-Saône. Dans la pièce jouxtant la salle à manger, une demi-douzaine de retraités écoutent religieusement Michel. Comme chaque matin, le bénévole des petits frères des Pauvres lit à haute voix les articles du Journal de Saône-et-Loire. Plus tard, ils débattront de l'actualité avant de déjeuner.
 
Le château de Gigny est une confortable bâtisse : meubles anciens, plancher en chêne, grand parc et majestueux escalier desservant les chambres. Au rez-de-chaussée, les photographies de l'ensemble des résidents ont été accrochées aux côtés de ceux des salariés de l'établissement. L'ensemble fait penser à une grande photo de famille. Cette ambiance familiale c'est justement ce que recherchent les petits frères des Pauvres, propriétaires des lieux depuis 1979. Cet endroit qui accueille actuellement 25 personnes âgées n'est pas une maison de retraite, tous les résidents ont encore un chez eux, une maison qu'ils regagneront à la fin de l'hiver.

Lutter contre la solitude de l'hiver

Ce que propose chaque année le château, du mois de novembre au mois d'avril, c'est un hébergement temporaire destiné aux personnes âgées vivant seules : « Nos résidents sont en majorité des gens qui vivent isolés géographiquement ou familialement, nous leur proposons de passer une semaine à un mois chez nous en hiver selon leurs besoins. C'est aussi une façon de soulager les proches qui les accompagnent », explique Jacqueline Richy, responsable d'établissement.
 
Néanmoins, l'hébergement temporaire a un prix : les tarifs à la journée varient de 44 à 50 €. Un prix qui reste inférieur à beaucoup de maisons de retraites. La contribution des retraités ne suffit d'ailleurs pas à couvrir le coût réel du fonctionnement de la structure, ce sont les dons et les subventions qui permettent au château d'ouvrir ses portes. L'établissement n'est pas médicalisé, mais une dizaine de salariés sont présents pour accompagner les personnes âgées. « Nous ne sommes pas une maison de retraite, nous ne faisons pas les toilettes à la chaîne, ici on prend le temps », insiste Jacqueline Richy.

« J'ai appris à jouer au Scrabble »

Pour tromper la solitude, de nombreuses activités sont proposées aux résidents : gym douce, ateliers d'écriture, sorties cinéma, repas des conscrits… Dans cette petite famille temporaire, tous les anniversaires sont fêtés. Chaque jour, les résidents se retrouvent aussi autour de l'épluchage des légumes pour faire « comme à la maison ». Georges, 91 ans, vit habituellement à Viré : « Ma femme est hospitalisée alors je suis venu ici. Tout seul c'est compliqué, il y a plein de choses à faire, comme s'occuper du chauffage ». « Ici on est moins seul. On est bien nourri et bien logé », explique Aimée, 92 ans, qui ne s'en sort plus dans sa grande maison de Boyer avec son chauffage au bois. Pour Andrée, 88 ans, c'est déjà le troisième hiver au château de Gigny. Depuis que son mari est décédé, elle vient passer quelques mois aux côtés des autres résidents : « Quand on a des difficultés à marcher et qu'on n'y voit plus très clair, on se sent seul à la maison. Même si mon fils et son épouse s'occupent beaucoup de moi, le soir on n'échappe pas à la solitude ».
 
Dans sa chambre, Andrée a posé les photos de « sa smala ». Au château, elle s'est fait des amis : « On papote, on fait des activités. J'ai même appris à jouer au Scrabble. » Pour s'offrir ces quelques mois chez les petits frères des Pauvres, la retraitée avoue avoir un peu « lessivée » ses petites économies. Mais elle préfère cet accueil temporaire à la maison de retraite : « Ça, je ne veux pas en entendre parler ! » Même chose pour Armand, 92 ans : « Pas question d'aller en maison de retraite, y a que des fauteuils roulants là-bas. » L'ancien blanchisseur vient ici chaque année depuis la mort de sa femme : « L'hiver tout seul à la maison je m'ennuie. »
 
Benoit Montaggioni | lejsl.fr | 02/03/2013
 

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