Au prieuré de Vertou, un séjour sur mesure pour les plus démunis

18 juillet 2012
articles les plus récents
  • 18 avril 2024
    Retour sur 10 dates clés des Petits Frères des Pauvres
    Lire l'actualité
  • 18 avril 2024
    Festivals de musique : nos stands solidaires pour lutter contre l’isolement
    Lire l'actualité
  • 09 avril 2024
    Quelles activités pour aider la mémoire d'une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer ?
    Lire l'actualité
Voir tout

Durant dix jours, 13 personnes et 8 bénévoles des petits frères des Pauvres partagent des vacances près de Nantes.

Visite de Nantes en petit train, achat de cartes postales, café en terrasse face à la cathédrale… En cet après-midi ensoleillé, les membres de la Fraternité Paris Saint-Maur, des petits frères des Pauvres, se fondent parmi les touristes. Lucette (1), 76 ans, a tenu à porter une robe à fleurs et un collier pour l'occasion. À Paris, elle est logée dans une maison relais de l'association, après une vie à l'usine puis dans la rue. « Je vivais dans le Nord, avec mon frère et mes sœurs, puis j'ai quitté ma famille », résume-t-elle. Accueillir des personnes fragiles Avec douze autres personnes en grande précarité épaulées par huit bénévoles, Lucette profite de dix jours de vacances au prieuré Saint-Pierre de Vertou, dans la campagne nantaise. Cette grande maison aux volets blancs, entourée d'un parc et surplombant une rivière, appartient aux petits frères des Pauvres depuis 1978. Elle accueille à la journée, pour un week-end ou plus longuement, des personnes fragiles de plus de 50 ans. « Ici, je prends l'air, je regarde les animaux qui passent, et les repas sont très bons », confie Lucette dont l'humeur, tantôt joyeuse, tantôt ombrageuse, nécessite une attention permanente. À ses côtés, Michelle, 63 ans, savoure le calme des lieux : « La nature, ça rafraîchit l'esprit et ça lave les yeux. »À Paris, elle loue son propre logement après avoir vécu à l'hôtel puis en sous-location grâce aux petits frères des Pauvres. « Dans mon immeuble plutôt bourgeois, les gens me regardent de haut », regrette cette ancienne aide-soignante, devenue secrétaire puis garde-malade chez l'habitant. « J'ai eu de la chance, je n'ai jamais dormi dehors. Mais je n'avais pas assez de moyens pour trouver moi-même un logement. » C'est la seconde fois que Michelle profite d'un tel séjour. « Quand je pars seule, c'est deux ou trois jours maximum car cela revient trop cher. Et puis ici, les gens se parlent et veillent les uns sur les autres. » Apprendre à vivre ensemble Dans le groupe, qui réunit des femmes et des hommes aux parcours très différents, les bénévoles veillent à l'harmonie et au respect de l'autre. Une attention particulière est accordée à chacun. « On prend en compte leurs demandes et leurs capacités », explique Suzanne, bénévole responsable du séjour, qui œuvre depuis plus de dix ans au sein de la Fraternité Paris Saint-Maur. « Elle fait attention à chaque détail, confirme Michelle. Elle vérifie les médicaments des uns, pend soin de ne pas mettre telle personne à côté de telle autre… Et surtout, chacun fait ce qu'il a envie. » Si le programme du séjour est bien rempli – sortie au bord de l'océan, visite des châteaux alentour, pêche ou balade en bateau –, personne n'est obligé d'y prendre part. Seule contrainte : participer à tour de rôle aux tâches ménagères, comme mettre la table ou faire la vaisselle. « Casser la solitude » « On essaie d'apporter notre bonne humeur et beaucoup de douceur sans juger personne »,indique Béatrice, professeur des écoles et bénévole pour la première année. Si bien qu'au fil des jours les visages se détendent et les langues se délient. Gabriel, bientôt 80 ans, apprécie de pouvoir « connaître du monde ». Lui qui cumule les soucis de santé, se déplace en fauteuil roulant et ne possède qu'une vision latérale participe à toutes les activités. Y compris la pétanque, grâce aux autres vacanciers qui se placent devant le cochonnet pour l'aider à viser. Il a même pris la décision d'arrêter de fumer ses deux boîtes de cigares quotidiennes. « À Paris, je fume jour et nuit », avoue-t-il. Pour Suzanne, ces séjours sont avant tout l'occasion de « casser la solitude », en permettant aux uns et aux autres de recréer un réseau amical. C'est aussi un tremplin pour gagner en autonomie. « Ces moments sont très précieux pour eux, observe Suzanne. D'ailleurs, ils conservent souvent les photos du séjour dans leur table de nuit, comme un trésor. » (1) Les prénoms ont été modifiés. A lire sur le même sujet : Les nouvelles formules des vacances solidaires Florence Pagneux à Vertou (Loire atlantique) | La Croix | 18 juillet 2012

Dans la même catégorie