Témoignage

Blandine Ripoll : ''Rendre le monde meilleur''

03 février 2017
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La présidente biterroise des petits frères des Pauvres agit contre l’isolement des personnes âgées. Rencontre avec Jérôme Mouillot, journaliste pour le journal Midi Libre.

A quelques jours de Noël, leur local est une ruche. Les bénévoles de l’antenne biterroise des petits frères des Pauvres s’affairent au milieu des colis. Des charentaises molletonnées, estampillées au logo de l’association seront déposées au pied du sapin. A chacun sa pointure. A chacun aussi son attention particulière, un cadeau personnalisé, quelques mots échangés avec des retraités isolés. Spontanément, la présidente biterroise offre un thé bouillant au journaliste de passage. Réchauffer l’autre avant tout. Depuis des années, Blandine Ripoll donne sans compter pour l’association. Son credo : « Recréer un lien fraternel. Car les personnes âgées peuvent se sentir seules, même en maison de retraite. » Et à l’ère du tout numérique où « on a 300 amis sur Facebook mais où on ne voit pas la retraitée qui est toute seule à côté de chez nous », l’action des bénévoles est essentielle. « On est comme une grande famille. Chacun est une feuille de l’arbre, a un talent particulier, un rôle à jouer. » Les siens sont multiples. A 51 ans, elle concède être « trop exigeante et maniaque de l’ordre ». Plutôt des atouts pour une présidente... Mais elle tient à ce que tout le monde se sente bien dans son entourage. Logique : « On ne peut être fraternel avec les personnes âgées si on ne l’est pas, déjà, entre nous. » Au début des années 2000, Blandine Ripoll travaille à l’hôpital de Béziers. Educatrice de jeunes enfants, en pédiatrie, elle est « très touchée par la souffrance des enfants, de leurs parents. » Touchée, coulée. Elle craque en 2009. Fait un burn out. Elle jette l’éponge. Pour mieux renaître aux petits frères dont elle prend la présidence quelques années plus tard. Aujourd’hui, pré retraitée de la fonction publique, elle perçoit une toute petite pension. Mais s’enrichit au contact de l’autre. Elle confie ce besoin de continuer à prendre en charge la souffrance. Une mission dans laquelle elle s’investit pleinement pour « rendre le monde meilleur. » Et rêve d’une « contagion positive »… qui gagne déjà les bénévoles de l’association. « Je vois dans l’équipe, au fil du temps, les membres devenir meilleurs avec les autres et s’épanouir au fil des mois dans leur investissement, dans leur relation aux autres. » Sur le chemin, d’autres bénévoles sont sollicités : jeunes, moins jeunes, femmes, hommes, avec ou sans religion. Elle, est catholique pratiquante. « Il m’arrive de prier avec une personne que j’accompagne, si elle le demande. Mais je respecte que tout le monde n’ait pas la foi. Parfois, certains sont en colère contre la religion. » Avec d’autres, la communion est sensorielle. Une vieille dame a depuis longtemps oublié le nom de Blandine qu’elle surnomme « Calinette ». « Certaines personnes, quand on arrive, tendent leurs mains pour qu’on les prenne. Elles ne sont jamais touchées dans leur quotidien. Les infirmières font leur soin et c’est souvent le seul contact physique qui leur reste. » « Calinette » prend le temps de caresser ces mains à la peau si fine. « J’adore ça ! Cela recrée un lien, une tendresse souvent perdue. » Les mains jointes en une prière païenne, elles célèbrent une fraternité tangible.    Jérôme Mouillot – Midi Libre édition de Béziers – 23 décembre 2016

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