Témoignage

Une porte ouverte pour accueillir des personnes vivant à la rue : témoignage de Danièle G. bénévole.

31 janvier 2014
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Mes premiers pas au 38 quai Gailleton… Le lieu d’accueil de la Fraternité de Lyon proposé aux plus de 50 ans vivant à la rue.

Ce lieu, je l’ai découvert lorsque j’ai fait la formation des nouveaux bénévoles au sein de l’association. C’est alors que j’ai entendu parler de l’accueil, en ces lieux, de S.D.F. Après trois années passées à Vaulx-en-Velin comme bénévole, j’ai eu envie d’en savoir davantage, avant d’aller à la rencontre de ces femmes et de ces hommes en errance. C’est dans un climat chaleureux qu’un début juin, j’ai fait la connaissance de Philippe, Aline et Aurélie, les salariés de la structure. Du fait de leurs convictions et de leur investissement, j’ai senti d’emblée que je pourrais m’appuyer sur eux en toute confiance pour faire équipe. Alors j’ai dit « oui » pour cette nouvelle expérience. L’accueil a lieu trois fois par semaine les lundis, mercredis et vendredis matin. Comment se déroule-t-il ? Aux alentours de 8 heures, salariés, bénévoles sont à pied d’œuvre pour dresser les tables autour desquelles se retrouveront nos hôtes pour prendre un petit déjeuner substantiel. 8 h 30, la porte s’ouvre et c’est alors que les deux grandes tables se remplissent dans un joyeux  brouhaha. Qui sont ces hommes et ces femmes qui se retrouvent en ces lieux ? Il y a les « chibanis », nom affectueux aux anciens du Maghreb ayant quitté leur terre natale depuis des décennies en quête d’un emploi en métropole, il y a ces familles venues de l’Est dans l’espoir d’obtenir le statut de réfugiés politiques, n’ayant pas envie de retourner dans leur pays et toute cette cohorte hétéroclite des blessés de la vie, ayant connu un parcours semé d’embûches, les ayant conduit parfois à une dépendance à l’alcool, voire à la drogue. Le plus difficile pour moi au point de départ, ce fut de mémoriser le prénom de chacun. Être appelé par son prénom signifie que l’on existe pour l’autre, que l’on n’est plus un anonyme. Il y a Mohamed « domino », le bien nommé à cause de sa dextérité dans ce jeu. Il y a Hans, le routard à la casquette bardé de pin’s. Il y a André avec son collier de fleurs autour de son cou, lui rappelant sans nul doute son île lointaine. Il y a Jean-Louis dit « le baron », il y a Jean, très digne et tous les autres qui viennent se réchauffer le cœur à notre contact. Ce qui me frappe, c’est la facilité avec laquelle, beaucoup d’entre eux nous font pénétrer dans leur jardin secret. Ainsi en est-il de Solange, qui d’emblée me confie qu’il y a 24 ans qu’elle est dans la rue. Sans ça, ils sont à la recherche d’une oreille attentive qui les écoute sans les juger. Le petit-déjeuner achevé, certaines s’égayent sans plus tarder, d’autres restent pour deviser ensemble, d’autres encore entament une partie de dominos ou bien encore s’accordent un temps de repos. Ceux qui le souhaitent peuvent prendre une douche et laver leurs vêtements, une opportunité pour eux de pouvoir rester dignes et debout dans leur errance. A midi, l’accueil est terminé et le temps est venu pour nous, de nous retrouver en équipe pour faire le point sur la matinée écoulée. Sont alors données des nouvelles des uns et des autres, évoqués les problèmes rencontrés par certains d’entre eux afin qu’ils ne restent pas sans solution. Nous nous retrouvons enfin autour d’un casse-croûte amical entre bénévoles, heureux d’avoir apporté un peu de réconfort à nos amis de la rue.

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