Corrado et Marie, son épouse, se contentent de peu : «Les sorties, c’est avec les petits frères des Pauvres. Les habits, on n’en achète pas. La nourriture on se restreint». Arrivé de Meurthe-et-Moselle quelques années plus tôt, le couple espérait finir de beaux jours sous le soleil d’Antibes. Mais sur la Côte, les retraités découvrent qu’ici «la vie est plus chère et qu’il est difficile de se faire des amis».Dans la rue à 70 ansPrécarité, isolement, leur vie bascule en 2005. Date à laquelle, le couple se retrouve dans la rue. «Mon mari avait 70 ans. Nous n’avions plus de toit. Nous dormions avec d’autres SDF». Corrado et Marie ont perdu le gîte, mais pas leur fierté. «Mon père ne m’a pas appris à demander ni à faire la mendicité», raconte l’homme qui évoque avec beaucoup de pudeur cette période de sa vie. Une période ou la honte et la fierté empêchent de demander de l’aide aux enfants « parce qu’ils ont aussi des problèmes ». Sa femme reprend alors la parole : «En fait, curieusement, dans la rue nous avons retrouvé une certaine richesse dans les échanges», témoigne-t-elle en précisant : «La rue soit elle t’enrichit, soit elle te détruit».43 appartements louésApres plusieurs mois passés sous un toit d’étoiles, le couple croise la route de l’association Un toit pour les vieux . Qui après maintes démarches finit par leur trouver un logement. L’association léguera plus tard son patrimoine bâtit à l’antenne antiboise de l’association des petits freres des Pauvres. En tout 35 appartements. Aujourd’hui, l’association a repris le flambeau et continue d’investir à Antibes : «Désormais nous comptons 43 appartements que nous louons à des tarifs préférentiels. Nous sommes également en train de rénover 11 logements. Le problème c’est que le turn over est très lent et que nous ne sommes pas toujours en mesure de répondre aux demandes», explique Jean-Luc Boue, le responsable départemental des petits frères des Pauvres qui lutte activement contre l’isolement et la précarité chez nos anciens. Corrado et Marie sont aujourd’hui sortis d’affaire. Ensemble, ils essaient de faire passer des messages. Et quand un jeune commet l’erreur d’appeler Corrado «le vieux», il ne manque pas de le lui rappeler «Regarde-moi. Je suis ton miroir. Je suis ce que tu seras plus tard. Alors ne m’appelle pas comme ça avec mépris». Message entendu. Le jeune lui sourit.Delphine Giordano | Nice Matin | 17.11.10Avec l’aimable autorisation de Delphine Giordano
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