Philippe, la cinquantaine, ne rêve que d’une chose, échanger son appartement auxerrois du sixième étage contre un rez-de-chaussée en maison de retraite. « Ils proposent des animations, de la peinture, de la poésie, de l’informatique, des sorties au bowling, au marché. Les gens ont l’air sympa, on est tous dans la même galère », avance Philippe, séduit par sa dernière visite et les perspectives de rencontrer des gens. « Le principal c’est que je ne sois pas seul et que je puisse refaire des séances de kiné. C’est ce que j’ai demandé en premier. »Perché au sixième étage d’un immeuble « depuis cinq ou six ans », ce passionné de foot n’a pas remis les pieds au stade Abbé-Deschamps depuis trois ans : « La dernière fois c’était avec mon beauf, pour Auxerre-Lyon.»« Ça permet d’échapper un moment à la solitude »Handicapé, ses journées sont rythmées par les visites de l’infirmière, des aides à domicile, du portage des repas. Avec un break le dimanche, où il ne voit personne : « Je fais avec le système D et je m’occupe en regardant mes petites séries et ce qui a l’air intéressant à la télé. » « Je vois aussi ma soeur et de temps en temps un frangin passe me voir », liste Philippe, en ponctuant son énumération d’un «vient qui veut ».Aussi, quand sa soeur a alerté l’association des petits frères des Pauvres, pour qu’ils viennent lui rendre visite, Philippe n’a pas dit non : « C’est bien pour le moral et ça permet d’échapper un moment à la solitude. »En quatre ou cinq rencontres d’une heure, Philippe et les deux visiteurs de l’association ont appris à se connaître. « On écoute plus qu’on ne parle », témoigne Jacques Dubois, responsable de l’antenne de l’association créée il y a un an à Auxerre, en soulignant : « Il y a parfois beaucoup de blancs. L’écoute fait partie des qualités que doivent avoir les visiteurs. « Ces derniers sont souvent d’anciens travailleurs sociaux. « Nous sommes une équipe de 10 bénévoles, de 40 à 86 ans. Il nous faudrait être cinq ou six de plus », poursuit-il.Les intervenants rendent visite en binôme « pour éviter les quiproquos », précise Jacques Dubois. Avec une motivation commune : « La satisfaction d’apporter quelque chose, du réconfort. » Après quatre mandats, Annie a pris sa retraite de conseillère municipale, il y a quelques semaines. La peur du vide ? À 80 ans , celle qui a oeuvré dans de multiples associations est allée pousser la porte des petits frères des Pauvres.« Incapable de rester chez moi »« C’est moins physique que de remuer des paquets à la banque alimentaire » s’amuse-t-elle. « Je suis _incapable de rester chez moi à me regarder le nombril. J’ai besoin des autres, de donner de la joie. C’est impressionnant de voir la solitude des gens », témoigne-t-elle.Entre le lancement du service d’information et de coordination (lire l’encadré), les numéros de téléphone nationaux et locaux, Jacques Dubois ne se fait aucune illusion, l’association va avoir besoin d’intervenants. Des hommes et des femmes recrutés à l ‘issue d’un entretien conduit par plusieurs personnes et qui suivront une formation. On ne met pas la solitude des gens dans les mains de n’importe qui.Christian Picardeau | L’Yonne républicaine | 17 mai 2014
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