On a beaucoup parlé du fameux conflit de générations, notamment pendant le Covid. À l’opposé, la solidarité intergénérationnelle prône plus de liens entre les différentes générations. Mais cet idéal est-il possible ? Combien sommes-nous à fréquenter des plus âgés ou plus vieux que nous ?
Fin mars 2024, la Société des Membres de la Légion d’Honneur a consacré un baromètre entier à ce sujet, tout comme les Petits Frères des Pauvres. Résultat ? 73 % aimeraient passer plus de temps avec des personnes d’autres générations, notamment en consacrant du temps aux personnes dans le besoin. Un chiffre qui vient rejoindre les résultats de l’étude des Petits Frères des Pauvres (CSA, septembre 2023) : 93 % des 18-30 ans ont des amis dans la vingtaine/ trentaine et plus l’âge augmente, plus les amitiés avec les autres générations s’affaiblissent. Idem chez les 60 ans et plus qui sont 88 % à avoir des amis dans la soixantaine et 75 % ont des amis qui sont dans les tranches 40-50 ans. Bonne nouvelle : 52 % des 18-30 ans et plus sont demandeurs de plus de liens avec les personnes âgées et 44 % des 60 ans et plus le sont envers les jeunes.
Mais alors, que signifie vraiment la solidarité intergénérationnelle et comment la définir aujourd’hui ?
Solidarité intergénérationnelle : définition
Aujourd’hui, quand on parle de solidarité intergénérationnelle, on évoque un phénomène un peu large d’entraide entre les générations.
Mais que veut-on dire exactement, quelle est la vraie définition de la solidarité intergénérationnelle ? Tout comme la notion de générations, celle d’intergénérationnel est plurielle et amène souvent à la question : mais de quelles générations parle-t-on ? Chez les « jeunes », les âges sont multiples, du très jeune enfant au « jeune adulte ». Il en est de même pour la vieillesse qu’on s’évertue à mettre depuis des années dans la grande catégorie des « seniors », y mêlant des personnes de 60 ou 65 ans et des 85 ans et plus. Quant aux générations « ni vieilles, ni jeunes », elles sont tout aussi diverses.
Ce flou amène à réduire régulièrement les relations intergénérationnelles aux rencontres entre les plus jeunes et les plus vieux. En outre, les très médiatiques rencontres Ehpad/ crèches sont ainsi décriées par le sociologue et gérontologue Richard Vercauteren qui les qualifient de « « gadget d’animation sociale » consistant à distraire des résidents de maisons de retraite en invitant les enfants d’une crèche pour le goûter, exemple emblématique des premières initiatives intergénérationnelles. », sans s’interroger sur la qualité des relations établies et les impacts réels de ces temps de rencontres présentés comme un remède aux ruptures des liens sociaux.
Pourquoi la solidarité intergénérationnelle est-elle importante ?
En France, 2 millions de personnes âgées sont isolées (Baromètre des Petits Frères des Pauvres, 2021). Les impacts de l’isolement sur les aînés sont nombreux : maladies cardio-vasculaires, AVC, cancers, dépression, démence… selon plusieurs recherches.
Quant à la santé mentale des jeunes, elle n’est guère meilleure… Une étude de Santé publique France publiée en février 2024 confirme la détérioration de la santé mentale des jeunes adultes et notamment une augmentation importante des pensées suicidaires et des tentatives de suicide au cours de la vie chez les 18-24 ans, depuis une dizaine d’années. Cette dégradation concerne plus particulièrement les adolescents (11-17 ans) et les jeunes adultes (18-24 ans).
Ces dernières années, plusieurs rapports ont valorisé l’importance des liens intergénérationnels comme axe de cohésion sociale et de lutte contre l’isolement des personnes âgées.
Pour notre Association, qui dès sa création en 1946 s’est inscrite dans la facilitation des liens sociaux entre générations, il est essentiel de continuer à entretenir des liens entre toutes les générations pour le bien-être de tous et un changement de regard réciproque !
Comment favoriser la solidarité intergénérationnelle ?
Pas toujours facile de rencontrer des plus jeunes ou des plus vieux que soi ! En effet, plus d’un jeune sur 2 pense qu’il est difficile d’avoir des liens d’amitié avec les plus âgés et c’est le même son de cloche chez les 60 ans et plus avec 32 % d’entre eux qui conçoivent d’être difficilement amis avec des 18-30 ans (32 %) et des plus de 80 ans (26 %) (rapport Petits Frères des Pauvres / CSA, 2023).
En dehors du travail qui est le premier lieu de rencontres de personnes avec plusieurs générations d’écart, voisinage et associations sont les occasions de rencontrer d’autres générations en dehors de sa famille.
Nos aînés ce sont eux qui nous apprennent des choses et nous, jeunes, on peut leur apporter aussi du bien à notre échelle !
« Je pense qu’il ne faut pas hésiter à s’engager dans des associations qui s’occupent des aînés comme les Petits Frères des Pauvres. Nos aînés ce sont eux qui nous apprennent des choses et nous, jeunes, on peut leur apporter aussi du bien à notre échelle ! », encourage Maëva, bénévole lors d’un séjour de vacances des Petits Frères des Pauvres. « On apprend plein de trucs au contact des jeunes. La jeune bénévole est sympa, elle nous a raconté ses études, ses expériences… C’est quelqu’un de motivé ! » approuve de son côté Patrick, personne âgée participant au séjour.
Pour en savoir plus, découvrez nos « 5 solutions pour permettre les liens entre les générations ».
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