Attablée au chaud dans la grande salle, Denise lit La Nouvelle République. Elle a le sourire. Françoise, agent polyvalent de La Prée, vient de la rejoindre pour converser avec elle. Denise n’est là que pour quinze jours mais elle goûte pleinement ces moments de convivialité. « J’étais très fatiguée et j’avais besoin de ces quelques jours de repos à La Prée. Ensuite, je rentrerai chez moi et je reviendrai dans trois semaines. Mais cette fois-ci ce sera pour quatre mois. » Un maillon du maintien à domicileQuatre mois qui l’amèneront jusqu’à la fin des mauvais jours d’hiver. Ces jours où la nuit précoce et le froid cinglant rendent la vie un peu plus triste. Surtout quand on vit seule, comme Denise. « La solitude, ça vous tue à petit feu », lâche cette mamie de 88 ans au regard pétillant. Denise vient depuis quatre ans passer les hivers dans l’une des dix-huit chambres d’hébergement temporaire de l’abbaye de La Prée. La première fois, c’était par obligation, après une hospitalisation. Depuis, elle revient avec plaisir profiter de ce « cadre merveilleux » et briser un peu cette solitude qui lui pèse.A l’arrivée des beaux jours, elle retrouve son appartement en centre-ville d’Issoudun. « On est quand même content de retrouver ses affaires et son chez soi. Mais à chaque fois que je pars de La Prée, c’est avec l’espoir d’y revenir. » Cette année, ils ne sont pas nombreux à avoir fait ce choix. Seules huit chambres sont occupées depuis l’ouverture de l’hébergement temporaire, le 15 octobre. Une situation inédite. « C’est une conjonction de plusieurs facteurs. Certains de nos résidants fidèles sont entrés en maison de retraite ; d’autres sont décédés cette année. Et quelques-uns ont pu trouver d’autres solutions dans des structures privées concurrentielles, lors de notre fermeture pour travaux l’an passé », explique le directeur, Philippe Gallay, qui ne cache pas son inquiétude. « Les Petits Frères des pauvres, qui gèrent l’abbaye, peuvent décider de réduire la période d’hébergement si on ne parvient pas à remplir. Ce qui aurait des conséquences sur les sept salariés saisonniers employés pendant les six mois d’activité (1). » Pour trouver de nouveaux résidents, l’abbaye de La Prée vient d’envoyer près de 400 mailings aux professionnels de santé et d’aide aux personnes, dans un rayon d’une trentaine de kilomètres autour de Ségry. « Nous sommes un maillon du maintien à domicile, rappelle le directeur. En permettant de pallier l’isolement saisonnier, une fatigue passagère ou l’absence d’un aidant, l’hébergement temporaire permet de retarder l’entrée en maison de retraite. Nous accueillons toute personne de plus de 60 ans, suffisamment autonomes et en capacité de s’orienter. Nous avons également quelques places pour les personnes à forte dépendance. » Philippe Gallay insiste sur le caractère « familial » de son établissement qu’il préfère appeler « la maison ». « On s’efforce de leur laisser un maximum d’autonomie pour leur permettre de retrouver sans problème leurs repères une fois de retour à leur domicile. Pour cela, on individualise chaque accompagnement en fonction de leurs habitudes et de leur degré d’autonomie. En fait, notre but est qu’ils se sentent ici chez eux… » MR – La Nouvelle République – 19 novembre 2016 (1) L’abbaye emploie 9 agents polyvalents (7 saisonniers et 2 contrats à durée indéterminée).
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