Le lieu peut faire peur.La première fois que j’y suis venue il y a presque 15 ans, j’ai pensé aux représentations de l’enfer du Moyen Âge.En fait, ce sont des personnes âgées, souvent atteintes de maladies neurologiques comme Alzheimer ou Parkinson, rassemblées dans une grande salle sans âme. Personnes qui gémissent, crient parfois ou regardent fixement le vide.On peut tenter un sourire mal assuré et avoir envie de tourner les talons le plus rapidement possible, ou … rester, s’approcher de Lulu, vieux monsieur aux yeux bleus intenses, dans lesquels l’attention remonte lentement, et qui se concentre intensément pour trouver un mot, un son et nous garder un peu. Ou cette dame d’origine vietnamienne, si menue, si menue dans son grand fauteuil, qui donne un sourire profond, magnifique qui fait de vous une personne unique.C’est le moment choisi par la grosse dame à côté pour vous interpeller bruyamment: qui êtes-vous, que faites-vous ici? « Je viens, je viens voir, je viens vous voir, pour vous. Non je n’ai personne ici, je suis bénévole ».Claude s’agite et essaie d’obtenir mon attention, entre gestes de menace et de bienvenue. Je m’approche, lui tends la main, et résonne un bouh enthousiaste éclairé d’un grand sourire. Claude est mon ami. Nous dessinons ensemble dans l’air ce qu’il ne peut pas dire avec des mots.Je prends congé et vais dire bonjour à Bernard. Bernard fait peur à certains employés, il en a frappé plusieurs. Il est attaché toute la journée. Il a perdu la vue. Je ne vous dirai pas ce qu’il me dit, c’est une conversation privée. J’apprends beaucoup, sur ses métiers, la guerre, la musique, les entreprises dans lesquelles il a travaillé, la beauté et la douceur de sa femme…Riser est un lieu étonnant, les rencontres y sont belles, et les moments précieux. Venez voir… Osez la rencontre.
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