Place au théâtre, rêve d’enfant, exigence de l’adulte : c’est la grotte où l’on se sent bien, protégé, attendant l’apparition des personnages qui nous expliqueront l’art rupestrede nos ancêtres, la parade des animaux en mouvement, lumière et ombre des mystères et des pantomimes. Au théâtre, dès que le rideau se lève, mon cœur palpite, je me concentre avant de me laisser emporter par les voix des comédiens.Le théâtre pour moi, c’est d’abord l’étude des pièces de Molière, Racine et Corneille à l’école, mais aussi les jeudis après-midi au catéchisme, où des sœurs à cornette nous avaient monté une petite scène en bois : théâtre amateur, simplicité du lieu.Puis ce fut le TNP à Chaillot, grâce à notre professeur de Français. J’ai vu jouer Gérard Philippe, Daniel Sorano, j’entends encore la musique de Maurice Jarre nous accueillant dans ce temple du théâtre populaire rêvé par Jean Vilar. Que d’émotions ! Des ovations à n’en plus finir, des frissons de bonheur dans cette immense salle remplie de jeunes.D’un trait, ma vie s’est brisée. Le drame est un art vivant, mes rêves et mes certitudes assassinés, je dois les reconstruire. Le théâtre m’aidera peut-être à me retrouver, grandie, avec la conscience de m’être enrichie de connaissances, de réflexions sur la vie. La vie est courte. Je ne veux pas me coucher, mais rire, pleurer, partager des émotions au théâtre avec les autres, le public, les acteurs et toute l’équipe théâtrale. Continuer à vivre, même seule, mais avec les autres, les textes des auteurs, les voix mêlées des uns et des autres, et me dire : ce furent de belles soirées de fête ! Jocelyne R.Personne accompagnée par l’équipe de la Fraternité Paris Est ————————————————————– Me voilà bien embarrassée pour répondre sans trop me dévoiler, à la question que vous me posez, « qu’est-ce que le théâtre et qu’est-ce pour vous que le théâtre », tant, après y avoir bien réfléchi, je ne peux me dérober au fait que le théâtre renvoie, me renvoie, à l’intime.Comme tous les enfants, du plus loin que je me souvienne, j’ai « joué» : à̀ la maîtresse, aux gardians, aux indiens … avec mon frère et mes sœurs, puis à la demande de parents habillée en petite « mireille » pour les ferrades, les ferias, la messe de minuit ; puis pour mon école où j’ai joué à 10 ans le coryphée d ans l’Antigone de Sophocle « Soleil nouveau, lumière la plus belle qui jamais ce soit levée sur nos sept portes… ». J’ai joué comme on parle à l’autre, car comme le dieu du théâtre, je suis née deux fois puisque je suis jumelle « Je » est vraiment aussi un autre et je suis bien la répétition du même.Voilà, pour moi, le théâtre c’est ça : une parole facile destinée à l’autre, une parole qui dit et qui est la répétition du même. Une parole qui interroge l’autre et le même indéfiniment, le perd, le cherche et l’attrape… comme le font les enfants: ceux que nous avons été et ceux que nous restons jusqu’à notre mort, derrière le masque de nos vies sociales.Aller au théâtre me relie aux gens qui m’entourent et que je maintiens, comme chacun de nous, à une distance salutaire tout en les recherchant sans cesse : la parole au théâtre nous lie et nous relie, nous dit et nous répète et transcende nos temps. Cela se vérifie au sein de notre Atelier Théâtre où si indépendants que nous soyons, nos échanges nous soudent.Merci à vous Claude de l’animer avec un tel dévouement et une telle passion. SophiePersonne accompagnée par l’équipe de la Fraternité Paris Est
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