« Trop long, trop dur » : la famille demande aux soignants de mettre un terme à cette vie de souffrance sans espoir. L’homme, lucide, parvient à prendre à son compte cette demande : il réunit sa famille et tous les soignants, leur dit sa demande de provoquer sa mort. Médecins et soignants refusent, l’assurant qu’il sera entouré de leur présence et de tous les soins de confort, sans acharnement.J’accompagnais cet homme depuis cinq mois. Il ne m’avait pas exprimé son désir d’euthanasie, alors que sa famille me l’avait évoqué en son nom propre. L’homme est décédé deux semaines après le refus d’euthanasie par l’équipe soignante.Ces quinze jours-là, il les a vécus différemment.Il était, m’a-t-il paru, soulagé du poids de cette demande exprimée, il avait « réglé » sa situation avec les siens et les soignants. Il avait lâché prise à sa volonté de maîtrise de la vie, s’y abandonnait, apaisé. Il m’a dit – et, sans doute [a dit] également à sa famille – plus de choses qu’il n’en avait exprimé jusqu’alors. Ce temps de plus grande paix et d’expression, il ne l’aurait pas vécu ni donné aux siens s’il était parti plus tôt. Il a mené ce combat, dernière tentative de maîtrise de sa vie, puis – en paix – il s’est laissé vivre jusqu’au bout.François
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