Une fois par semaine, de 9 heures à midi, Yves accueille les résidents du foyer en leur offrant des instants d’écoute. « C’est pour moi une occasion agréable de rencontrer les résidents autour d’un thé, d’un café, ou encore d’un jus de fruit. Nous parlons de la pluie et du beau temps, c’est suffisant pour ne pas se sentir seul et constater que souvent les copains ont les mêmes soucis que nous ».Il accompagne également les résidents à la compréhension de certains documents administratifs. « Dès l’instant où une personne nous confie un souci, une préoccupation, on s’efforce de résoudre la difficulté en l’orientant vers les professionnels compétents (CAF, CARSAT, médecins..) ».Au foyer Adoma, on partage les difficultés, mais aussi de bons moments autour d’anecdotes de vie parfois surprenantes. Yves se souvient d’un résident bien rusé. «Il a commencé par vendre des journaux dans sa ville natale. Dans la matinée, il parcourait les restaurants pour vendre sa gazette. A 14 heures, il récupérait les journaux aux endroits où il les avait vendus, les repliait bien comme il fallait et les revendait une seconde fois l’après midi. Ca, c’est du commerce !»Ce temps de permanence est, pour Yves, l’occasion de rencontrer des résidents avec des parcours de vies différents. Les résidents lui livrent volontiers leur histoire : «L’autre jour, l’un d’eux nous a parlé de sa vie passée le plus clair du temps en Algérie où il avait créé son entreprise. Puis il est venu en France, et s’est fait embaucher comme conducteur de camions dans le BTP. Des gros bahuts multi-essieux pour transporter des tonnes de gravier. Il était heureux et il l’est toujours. Il prend sa retraite dans la région lyonnaise. Cela lui convient bien avec sa santé fragile, il est tout près du cardio. Avec son sourire en coin, il a toujours le moral. Il appelle régulièrement ses quatre fils qui sont restés travailler près de Constantine.»Et tous les jeudis, Yves en apprend un peu plus sur chacun. «Aujourd’hui, nous avons visité un monsieur qui nous a raconté une partie de sa vie passée dans les Alpes françaises, près de Genève, avec sa femme et ses enfants. Ayant perdu son épouse, il est venu s’installer à Lyon. Il nous raconte qu’il est heureux d’avoir ses enfants au téléphone de temps à autre. Il est philosophe et sait que, désormais, avec son handicap, il ne peut plus prendre le train pour aller visiter les enfants dans le pays savoyard. Philosophe, calme mais aussi attentif et très déterminé, il veille à distance sur son petit dernier (17 ans) dont il est vraiment soucieux. Il demande tous les carnets de notes, va rencontrer les profs du lycée et prend les décisions de concert avec les autorités. Il est vraiment concerné par l’avenir de son fils.»Les résidents repèrent vite la présence d’Yves au sein de l’établissement. Lorsque la porte est ouverte, chacun vient, un à un, déposer un peu de ses difficultés, de son parcours, de ses envies et de ses projets. Par cet article, nous espérons faire découvrir nos moments de convivialité, de partage et de fraternité vécu au foyer Adoma de Villeurbanne.Article écrit par Yves SIMONIN, bénévole petits frères des Pauvres, et Emilie BISSARDON, stagiaire assistante sociale.
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