Elles ont peut-être été mariées, ont eu des enfants, des amis, des collègues, des voisins… mais aujourd’hui elles n’ont plus personne. Elles, ce sont ces Françaises que l’isolement social touche de plein fouet. À travers tous les rapports publiés par les Petits Frères des Pauvres, il apparaît clairement que les femmes sont toujours celles qui sont davantage victimes de l’isolement.
Ainsi, en 2017, dans le rapport « Solitude et Isolement quand on a plus de 60 ans en France », sur les 300 000 personnes de plus de 60 ans, qui ne rencontrent quasiment jamais ou très rarement d’autres personnes, tout réseau confondu (familial, amical, voisinage, réseau associatif), l’Association estime que la majorité sont des femmes, de plus de 75 ans, aux revenus modestes (étude Petits Frères des Pauvres/ CSA, 2017). D’ailleurs, ce sujet les préoccupe bien davantage (32 %) que les hommes (22 %).
En 2019, le rapport « Solitude et Isolement : quels liens avec les territoires ? » (étude Petits Frères des Pauvres/ CSA, 2019) confirme que la solitude touche particulièrement certains profils. Ainsi, le sentiment de solitude touche davantage les femmes (34 %).
Enfin, dernière étude en date : notre baromètre « Solitude et Isolement quand on a plus de 60 ans en France » de septembre 2021 montre que 3,9 millions de personnes âgées n’ont pas ou quasiment pas de lien social avec des amis. Cet isolement touche de plein fouet les 85 ans et plus (48 %), les habitants de la région parisienne (27 %), les femmes (26 %) et les personnes qui vivent seules (25 %).
Isolées… et exclues du web
En 2018, le rapport « L’exclusion numérique des personnes âgées » montre que 27 % des 60 ans et plus n’utilisent jamais Internet, soit environ 4 millions de personnes – vs 12 % pour l’ensemble de la population française (Baromètre du numérique 2017). Mais les grands exclus du numérique sont surtout des grandes exclues… Elles sont 31 % à ne jamais utiliser Internet (étude Petits Frères des Pauvres/ CSA, 2018).
Les raisons de l’isolement
Mais pourquoi les femmes sont-elles plus nombreuses que les hommes à se retrouver isolées ? Quelques éléments de réponse…
- Statistiquement, dans le Grand Âge, les femmes sont plus nombreuses que les hommes car elles vivent plus longtemps (en 2017, l’espérance de vie à la naissance est de 85,3 ans pour les femmes et de 79,5 ans pour les hommes, selon l’INSEE).
- À partir de 65 ans, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à vivre seules (1903 800 femmes âgées de 65 à 79 ans et 1919 729 de 80 ans et plus vivaient seules en 2016 VS 860 438 hommes âgés de 65 à 79 ans et 468 259 hommes âgés de 80 ans et plus vivaient seuls selon l’INSEE).
- On sait aussi qu’isolement et précarité sont liés, or les femmes touchent en moyenne 42 % de moins que les hommes à la retraite (en 2019, tous régimes confondus, le montant moyen de la pension était de 1496 € bruts par mois et 1933 € pour les hommes, alors que les femmes perçoivent 1123 € brut, selon la DREES). De plus, selon les données de la Drees en 2021, les bénéficiaires du minimum vieillesse sont à 56 % des femmes.
Les femmes âgées isolées, aidées par les Petits Frères des Pauvres
Isolées, exclues du numérique, en situation de précarité, les femmes âgées sont en souffrance et pour nous, cette situation est inacceptable. En 2020, les Petits Frères des Pauvres ont accompagné dans la durée 13 559 personnes âgées. 64 % sont des femmes.
« Aujourd’hui, mes enfants ne viennent plus me voir. Au début, ils venaient. On organisait des déjeuners, on fêtait Noël ensemble… Puis, du jour au lendemain, plus rien. On ne s’y attend pas. On ne comprend pas. J’ai bien essayé pourtant, j’ai envoyé des messages mais je n’ai plus jamais eu de nouvelles. Et puis un jour, j’ai appris que mon fils habitait à 10 minutes d’ici… Ça fait mal. Le fait de ne plus voir mes enfants, je n’aurais jamais cru ça. Je me suis toujours dit que ça ne pouvait pas m’arriver. J’ai alors pensé au pire, je n’avais plus envie. » raconte Sylvie, 66 ans, en hébergement collectif.
« Quand j’ai payé ma mutuelle, l’électricité, le chauffage, ça plus le loyer, il faut bien que je mange, que je m’habille. Les médicaments, il y en a pas mal qui ne sont plus remboursés. Quand je suis arrivée ici, j’arrivais à mettre de l’argent de côté, maintenant il faut que je fasse attention à tout. », Églantine, 74 ans, Colmar.
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