C’est avec sa bonne humeur habituelle que Mme Ivanovic rend visite en cette fin d’après-midi à Jacqueline, 94 ans, demeurant à Blois. Un sourire, quelques mots échangés, la bénévole de l’association des petits frères des Pauvres voit immédiatement comment va la nonagénaire.« Le principe n’est pas de passer en coup de vent. On reste un peu pour discuter ou proposer une sortie afin d’offrir une petite bouffée d’air à la personne qu’on accompagne », explique Mme Ivanovic, 39 ans, de Blois.« Quand j’ai vu comment ça se passait, j’ai eu envie de m’investir. J’ai de l’amour à revendre. Autant en faire bénéficier les autres », sourit-elle. Elle commence alors ses visites chez une femme. Et, suite au départ de deux bénévoles de l’association vers d’autres contrées, elle s’est proposée de s’occuper de Jacqueline. « On donne de notre temps et de notre cœur. Ça me fait plaisir de faire plaisir. Maintenant, je dois aller prendre des nouvelles d’une autre personne qui vient d’être hospitalisée. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé. Ça m’inquiète. Pour les bénévoles et les bénéficiaires, les petits frères des pauvres sont comme une deuxième famille. »C’est complètement par hasard que Jacqueline a fait la connaissance de l’association : « Un jour, j’ai reçu une lettre des impôts. J’avais commis une erreur. Je voyais l’amende arriver. Je suis alors allée au centre des impôts. Là-bas, on m’a demandé si j’avais quelqu’un pour m’aider. Je n’ai pas d’enfant. Et mon neveu et ma nièce habitent sur Paris et sont bien occupés. A ce moment-là, je me suis mise à pleurer. J’ai rarement senti autant de solitude et d’isolement. »Des échanges pour recréer du lien social Malgré le passage d’une femme de ménage chez elle depuis des années, l’agent des impôts prend alors les coordonnées de Jacqueline et les transmet à la responsable de l’époque des petits frères des Pauvres. « Cette dame m’a contactée et m’a proposé que des jeunes femmes viennent de temps à temps à mon domicile. »Et c’est ainsi qu’un binôme de bénévoles s’est mis en place pour lui rendre visite toutes les semaines. « Pour des raisons personnelles, elles ont quitté Blois. Elles étaient remarquables, intellectuellement, humainement et manuellement parlant », confie Jacqueline. « Ces échanges m’ont permis de recréer du lien social. L’association me convie à des goûters d’anniversaires, à des sorties. On vient me chercher et on me ramène. » Elle a aussi fait appel aux services d’une agence d’aide à domicile. Pour elle qui souffre de vertiges et tombe parfois, c’est l’assurance de voir quelqu’un quotidiennement.« Après mon passage dans un centre de convalescence, j’ai vaguement pensé à intégrer une maison de retraite. Mais ma nièce m’a assuré que je n’y serais pas heureuse. C’est elle qui m’a encouragée à m’entourer de différentes aides. Ainsi, je peux rester chez moi et j’espère le plus longtemps possible. »>> Rejoignez la grande équipe des bénévoles petits frères des PauvresSource : La Nouvelle RépubliqueJournaliste : Claire NeilzPhoto : © Photo NR
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