« La solitude,c’est comme une prison. Nous, nous ouvrons les fenêtres et les portes. Nous faisons revivre les personnes », sourit Jean-François, avec son accent chantant du sud-ouest. Originaire de Montauban (Tarn-et-Garonne), il est installé à Nanterre depuis vingt ans. Il y a quatre ans, il a rejoint les petits frères des Pauvres, dont l’antenne locale fête ses vingt-cinq ans ce week-end.Jean-François accorde trois après-midi par semaine à l’association. « C’est important de partager. Moi, je dispose de beaucoup de temps, alors j’en donne à ceux qui en ont besoin, cabossés par la vie », explique-t-il. Il fait partie d’une équipe de trois personnes et est accompagné par deux femmes : Françoise et Nelly.Françoise, 42 ans, est la plus ancienne du trio. L’hôtesse de l’air est bénévole aux petits frères des Pauvres depuis dix-sept ans. Elle consacre au minimum une demi-journée par semaine à son bénévolat, sans compter les permanences téléphoniques. L’une des raisons de son engagement est sa grand-mère. Originaire de la Réunion, elle n’avait pas pu se rendre à son enterrement. « C’est ma manière de lui rendre hommage… », confie-t-elle.Nelly, 65 ans, est la plus engagée, elle s’investit chaque jour pour l’association. Retraitée, l’ancienne aide soignante a le goût du contact, elle va « naturellement vers les autres, pour aider ». « Seule et libre », elle cherchait une activité pour s’occuper pendant sa retraite. Elle se dirige d’abord vers une structure qui organise des visites en prison, dont elle est toujours membre. Puis, lors d’un forum des associations, elle tombe sur les Petits frères. « Depuis, ils sont devenus ma vie », lâche-t-elle.Le trio, « très soudé », s’occupe de trois personnes âgées : Louis, Roger et Éliane. Le suivi personnalisé permet de créer un lien entre les bénévoles et les personnes âgées. « Un lien du coeur, pas administratif », précise Jean-François. Les bénévoles les accompagnent jusqu’à la fin, « jusqu’au cimetière ». « Il n’y a souvent que les Petits frères présents à l’enterrement… » C’est dire leur importance. Les visites, pour parler, se promener, tenir compagnie, se font à tour de rôle, selon les disponibilités, les besoins.Cette fois, ils se rendent ensemble chez Éliane. A 85 ans aujourd’hui, elle est entrée aux petits frères des Pauvres en 1995. Veuve et à la retraite, elle était plongée dans la solitude, « très perturbée et sur le mauvais chemin », souligne-t-elle. Sur les conseils d’une amie, elle a frappé à la porte des petits frères . « J’ai trouvé quelqu’un pour parler. Ils ont changé ma vie », dit-elle, assise autour de la table. En face d’elle, Françoise, Jean-François et Nelly écoutent, émus.« Nous sommes ses tuteurs de coeur », sourit Jean-François. Surtout Nelly. Elle habite à quelques mètres seulement, et lui rend visite au moins une fois par jour. Les courses, les balades, les rendez-vous chez le médecin… Elle s’occupe de tout. « Il n’y en a que pour elle » rigole Françoise. « Parce que je suis très présente, c’est vrai, rétorque Nelly d’une voix douce. Si j’ai prévu des vacances mais que je sais qu’Éliane est malade, ou pas très en forme, je ne pars pas. C’est comme une mère pour moi. »Victor Tassel | Le Parisien | 08 octobre 2016
27 novembre 2024
Chèque énergie 2024 : une aide essentielle pour lutter contre la précarité énergétique
Lire l'actualité20 novembre 2024
Colis de Noël : nos bénévoles se préparent à livrer les aînés les plus isolés
Lire l'actualité