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Nouveau rapport sur les liens entre générations : malgré les préjugés, jeunes et vieux veulent se fréquenter

Isolement des personnes âgées et liens entre générations : le nouveau rapport des Petits Frères des Pauvres. © Raphaëlle Trecco
Isolement des personnes âgées et liens entre générations : le nouveau rapport des Petits Frères des Pauvres. © Raphaëlle Trecco

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Les Petits Frères des Pauvres publient leur 8e rapport sur l’isolement des personnes âgées, consacré cette année aux liens entre les générations. Pour la première fois, plusieurs générations ont été interrogées par notre étude. Retour sur les principaux enseignements et préconisations.

Comment se côtoient les différentes générations ? Les relations étaient-elles meilleures « avant » ? Autant de questions que notre Association s’est posée dans le cadre de son nouveau rapport, qui analyse cette année les liens intergénérationnels (CSA Research, septembre 2023). 

Le rapport, financé par la Fondation des Petits Frères des Pauvres et l’Assurance retraite, a été réalisé pour la première fois sur plusieurs populations d’âges différents : un échantillon de 1 500 individus et plus représentatif de l’ensemble de la population française métropolitaine âgée de 60 ans et plus et un échantillon de 1 004 individus représentatif de l’ensemble de la population française âgée de 18 à 30 ans. 

Parmi les 10 enseignements, on retiendra notamment malgré les discours incessants qui voudraient une « guerre des générations » entre jeunes et vieux, que les liens intergénérationnels sont jugés importants voire essentiels pour toutes les tranches d’âges (89 % pour les plus âgés et 88 % pour les plus jeunes). Malheureusement, des craintes, des discriminations et une impression de ne pas intéresser l’autre, viennent les parasiter… 

Des relations intergénérationnelles… épisodiques

On le voit bien dans notre rapport, c’est la famille qui reste principale pourvoyeuse des liens entre les générations. Ainsi, 99 % des 60 ans et plus ayant des enfants ont des contacts avec eux. Et 97 % des personnes âgées ont des contacts avec leurs petits-enfants.

Mais on observe toutefois une baisse de la fréquence de ces liens : 25 % des 60 ans et plus voient moins leurs enfants qu’avant, avec un risque de délitement des liens au Grand Age.

Les visites des enfants, c’est très rare, une fois par an. 

« Les visites des enfants, c’est très rare, une fois par an. Depuis le confinement il y a eu un décalage, je prenais la voiture, j’allais voir ma fille, pareil je déjeunais avec mon fils. Mais j’ai arrêté car je ne veux pas faire pitié, je veux les préserver de mon image. Je ne veux pas qu’ils se soucient de se dire que papa a pris un coup de vieux mais je voudrais que d’eux-mêmes ils s’en rendent compte. », regrette Paul, 85 ans, personne accompagnée.

Quelles que soient les générations, on constate une insuffisance de contacts. Et le plus fort ressenti est du côté des jeunes envers leurs grands-parents puisqu’ils sont plus d’un sur deux à estimer de pas les voir assez.

Plusieurs causes éloignent les aînés et les jeunes

Pour les 25 % de 60 ans et plus qui voient moins leurs enfants, l’éloignement géographique est le premier motif de la diminution des relations intrafamiliales avec 62 % de réponses. La 2e raison, est le passage à l’âge adulte des petits-enfants (39 %) et le manque de temps lié à la construction de leur propre vie (20 %). Le troisième motif, avec 13 % des réponses, est rattaché à des problèmes familiaux (conflit ou divorce des parents). 

Enfin, la précarité est un facteur d’affaiblissement des relations entre générations. Que ce soit avec ses enfants/petits-enfants ou ses parents/grands-parents, les 60 ans et plus et les 18-30 ans ayant des revenus inférieurs à 1 000€ ont moins de contacts. En effet, ce sont les plus précaires des aînés comme des jeunes qui considèrent le plus les liens entre générations comme un sujet secondaire. Ce sont eux aussi qui estiment le plus ne pas intéresser la génération la plus éloignée d’eux et qui craignent le plus un risque de conflit entre générations.

Des préjugés qui empêchent les amitiés ?

Jeunes et vieux ne sont pas indifférents aux liens qui les unissent. Mieux, ils en attendent davantage... © Aurélien Marquot

Une écrasante majorité (93 %) des jeunes de 18-30 ans ont des amis de leur génération uniquement… D’ailleurs, plus d’un jeune sur 2 pense qu’il est difficile d’avoir des liens d’amitié avec les plus âgés.  

Même son de cloche chez les 60 ans et plus, qui conçoivent difficilement d’être amis avec des 18-30 ans (32 %) et des plus de 80 ans (26 %).

Si 52 % des 18-30 ans et plus sont demandeurs de plus de liens avec les personnes âgées, seulement 44 % des 60 ans et plus le sont envers les jeunes.

Pour tous, ce sont un peu les mêmes freins qui empêchent les amitiés… principalement liés à des préjugés : pour les 60 ans, ce sont les habitudes de vie (65 %) et les façons de penser trop différentes (59 %) qui entravent les liens d’amitié avec les jeunes. Chez les jeunes, même si ces différences dans les modes de vie et la façon de penser influent sur la difficulté à nouer des liens d’amitié avec les plus âgés (45 %), c’est d’abord le manque d’opportunités qui est le premier obstacle (50 %).  

Quand on est loin des personnes âgées, on peut se dire qu’elles savent qu’elles sont en fin de vie et qu’elles n’en profitent pas. 

« Quand on est loin des personnes âgées, on peut se dire qu’elles savent qu’elles sont en fin de vie et qu’elles n’en profitent pas. Il faut juste comprendre que ce n’est pas une fin de vie mais une autre phase de la vie où on peut faire plein de choses. Il suffit juste de créer l’occasion. », explique Valentin, 19 ans, service civique.

Des lieux de rencontres peu variés…

Le travail, premier lieu de rencontres des différentes générations, comme ici dans le film "Le nouveau stagiaire". © 2015 Warner Bros. Entertainment Inc. and Ratpac-Dune Entertainment LLC

Où rencontrer les autres générations en dehors de sa famille ? Qu’on soit jeune ou « senior », c’est le travail qui est le premier lieu de rencontres de personnes avec plusieurs générations d’écart. C’est particulièrement vrai pour les personnes ayant 20 ans de différence, avec 64 % des 60 ans et plus et 57 % des 18-30 ans.

Hormis le travail, ou les études (pour les plus jeunes), voisinage et associations sont les occasions de rencontrer d’autres générations en dehors de sa famille mais elles s’amenuisent plus l’écart d’âge est important.

N’oublions pas les commerces, qui sont considérés par les jeunes comme le deuxième point de contact, après le travail/les études, pour rencontrer les plus âgés. Quant aux 60 ans et plus, ils sont 55 % d’entre eux à discuter au moins de temps en temps avec des personnes de moins de 20 ans qu’eux en faisant leurs courses et 35 % avec des personnes de moins de 40 ans qu’eux.  

10 préconisations pour recréer du lien entre jeunes et vieux

Dans le cadre de ce rapport diffusé largement au grand public mais aussi aux pouvoirs publics, les Petits Frères des Pauvres émettent plusieurs recommandations pour favoriser les liens intergénérationnels. 

Notre Association préconise notamment d’encourager les initiatives pour faciliter les rencontres entre générations (développement des lieux de convivialité ouverts à tous au pied des hébergements pour personnes âgées, ouverture des lieux de restauration collective aux personnes âgées, création d’habitat partagé collectif intergénérationnel…).

Elle s’oppose aussi depuis toujours à la marchandisation du lien social et propose de mieux encadrer les prestations des entreprises qui proposent ces services. Il est aussi essentiel dans notre société en pleine transition démographique de mener une politique de sensibilisation en milieu scolaire sur le vieillissement et à la lutte contre l’âgisme.

 

 

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Audrey Achekian
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