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Quand la Fraternité Paris Ouest se fait mousser…

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Le savon a priori, on s'en lave les mains... L'atelier Savon qui s'est déroulé à la Fraternité Paris Ouest le 25 février réfute le cliché. Un vrai carton !

La pendule de l’entrée indique 16 h. A première vue pour le curieux qui s’approche sur la pointe des pieds des personnes attablées à l’espace repas, un festin se prépare… Bols, assiettes et soupières en témoignent. Comme l’effervescence de cette brigade factice de marmitons ! A y regarder de plus près, des personnes accompagnées pétrissent d’insolites magmas colorés ! Hacenne brasse une pâte coquelicot dans un bol, y distille quelques gouttes d’huile essentielle de lavande. Touille sa mixture, s’amuse du résultat et provoque un fou rire : «On dirait de la harissa ! Un abat disséqué ! Ouah ! Gore !» Chacun s’esclaffe, patouillant sa compote. Adil use d’un bleu Majorelle, du nom de l’artiste français qui peignit dans les années 30 sa villa de Marrakech du bleu vif qui prit son nom. Et s’active manipulant sa spatule comme un maître-queux confirmé. En fait, tous fabriquent un savon personnalisé. Sonia choisit « le sans colorant » et remplit de pâte un moule à madeleines. Christine s’essaie aux mélanges de couleurs et crée un effet de marbrures avec une teinte coulée dans de petites formes. En début d’après-midi, Julien Buchard, étudiant en BTS, option économie sociale et familiale qui finalise son stage d’études rue Bridaine s’est associée à Marina d’Huart, de l’Association Sous la lune*, spécialisée dans les ateliers créatifs de recyclage d’objets du quotidien et laboratoires ludiques écolos pour animer un Atelier Savon. Annoncé depuis une semaine à grand renfort d’affiches humoristiques et d’un questionnaire anonyme sur l’art de se laver les mains. Fanny, jeune engagée dans une mission en faveur des petits frères des Pauvres dans le cadre du Service Civique se joint aux participants et observe perplexe, sa pâte couleur foie de veau ! Plus tôt, Julien a présenté le planning de l’après-midi soulignant « le plaisir de s’amuser ensemble. » Au programme, un quizz pour détendre l’atmosphère, un prix décerné au lauréat, une surprise pour tous, et l’histoire du savon, ses us et coutumes. Une bonne introduction pour se bidonner dès la première question : «Combien de bains prit Louis XIV dans sa vie ? Deux ! Il se parfumait plusieurs fois par jour, évitait les bains, l’eau et les maladies pénétrant dans l’organisme à travers les pores de la peau» conte Julien. Et d’ajouter que l’on se lavait davantage au Moyen-Age et dans l’Antiquité. A la question : «Comment se lavaient les Romains ?», le mot thermes fuse. Avec l’explication de l’alternance de l’immersion bains froids et chauds, du corps huilé. «Les Phéniciens, 1000 ans avant J.-C. exportaient le savon fabriqué à base d’huile d’olive et de soude végétale. Retrouvé 2000 ans plus tard à Marseille avec l’essor des savonneries de Colbert.» Question suivante : «Qu’utilisaient les femmes dans les lavoirs pour laver le linge ?» Le battoir pour extraire les impuretés étonne moins que la cendre en guise de détergent. Allez, question bonus ! «Dans quel film une jeune fille demande à sept personnes de se laver les mains avant le repas ?» Christine lance «Blanche-Neige !» sous les bravos. Mais Lucienne remporte la palme, avec le rôle du «Dr Ignace Philippe Semmelweis qui démontra l’utilité du lavage des mains après la dissection d’un cadavre, avant d’effectuer un accouchement» en 1850. Une salve d’applaudissements et de sifflets admiratifs saluent son intervention. Marina et Julien passent aux choses sérieuses et posent un faitout sur des plaques électriques. Versent des paillettes de savon de Marseille râpées pour une cuisson à feu doux et dévoile la recette : «Pour fabriquer 7 savons, mélangez 750 g de paillettes, 660 ml d’eau et 33 ml d’huile d’olive». On dirait le chaudron de potion magique d’Astérix ! Pendant la cuisson Marina distribue des teintures naturelles rapportées du Maroc : violette, menthe, brou de noix. Les bullent qui éclatent dans la cocotte provoque les rires : «Ils moussent les spaghettis !» Tous veulent participer et prennent leur tour pour tourner la soupe ! Quand survient l’heure du goûter, Julien suggère une dégustation de cakes préparés par le chef de la Frat tout en poursuivant le quizz. L’occasion pour nos animateurs de signaler que le démoulage interviendra après douze heures de séchage. Pour l’heure, dernière partie de l’exposé avant la désignation du vainqueur. «Le savon, pourquoi ça lave ?» met l’accent sur les propriétés physiques et chimiques du produit. Julien égrène les sortes de savon : d’Alep, pierre d’alun, surgras, les qualités du Marseille qui dégraisse et constitue un antiseptique. «Quand doit-on se laver les mains ?» ironise Julien. «Avant de manger, avant de toucher les personnes fragiles (enfants, seniors), après le passage aux toilettes.» Après avoir détaillé le lavage des menottes sans omettre paumes, dos, ongles et interstices entre les doigts, Lucienne est déclarée premier prix à l’unanimité ! Un pain de savon d’Aubagne brut couronne son succès, tandis que Marina et Julien distribuent des savons cœur multicolore à chacun. «Grâce à Julien, on va pouvoir se laver correctement !» plaisante Sonia. Les participants avouent «ne pas avoir vu passer l’après-midi». Lucienne souligne «l’excellente préparation d’un sujet pas évident». Adil trouve «l’exposé structuré avec rappels historiques et pratiques, l’excellente ambiance toutes générations confondues.» Christine relève «les fous rires.» Et Hacenne conclut joliment : «C’est le premier atelier auquel j’assiste. Je ne m’attendais pas à autant de sérieux. C’était encore plus chaleureux que je ne l’imaginais. On a créé du lien, un lien entre nous tous !» Catherine Bretécher *Contact : http://www.souslalune.org

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Audrey Achekian
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