La villa Maris Stella, à Wissant, était une « pension bourgeoise » après guerre. Dans les années soixante-dix, elle est devenue maison de vacances de l’association Les petits frères des Pauvres. Après avoir failli fermer en 1997, elle a été complétement rénovée l’an dernier. Je voulais changer changer d’air. Ma maison se désagrège: il y a des fuites d’eau, de gaz … » Marthe, centenaire depuis juillet, vit au Chesnay, un faubourg de Versailles » comme elle dit, dans la petite maison héritée de ses parents. Son père était percepteur. Elle-même a travaillé aux Impôts, pour un petit salaire, c’était mieux que rien . Veuve quelques semaines seulement après son mariage, sans enfants, elle aime être chez elle mais apprécie un peu de distraction . Ses petits moyens limitent son horizon. Aussi, elle ne regrette pas d’avoir rencontré l’association Les petits frères des Pauvres, qui l’a emmenée fêter son centenaire sur un bateau mouche, sur la Seine. Elle est déjà partie en vacances avec eux près de Marseille. Cet été, elle a passé treize jours sur la Côte d’Opale, dans la villa Maris Stella, que l’association possède à Wissant. Marthe fait partie du groupe de neuf vacanciers qui est reparti mercredi 20 août vers Versailles et Nanterre. « On a tout cassé, tout remis aux normes » Nous n’avons pas eu de chance avec le temps mais il y a beaucoup de visites à faire », se réjouit Dominique Billard, responsable du séjour. Le groupe a vu Calais, le Blanc-Nez, le Gris-Nez, la Colline des animaux à Wierre-Effroy… Deux personnes ont même traversé la Manche pour passer la journée en Angleterre. Dominique Billard pilote l’équipe de douze accompagnateurs bénévoles du séjour. Un taux d’encadrement conséquent, justifié par l’âge et les problème de santé de certains des vacanciers. La responsable du séjour ne connaissait pas Wissant elle a été emballée par l’état de la villa, qui a fait l’objet d’une grosse rénovation de deux millions d’euros (1). Un an et demi de travaux et une réouverture en août 2013. « On a tout cassé, tout remis aux normes », résume Véronique Noyon, responsable de la villa depuis quinze ans.Désormais, chacune des 21 chambres dispose de sa salle de bains. Jusque-là, il fallait se contenter de deux douches pour dix-huit chambres. En 1997, la villa a même failli fermer définitivement, après un passage de la commission de sécurité. A l’époque, il avait fallu mener des travaux d’urgence, fermer provisoirement et licencier du personnel. Avec l’intendant, le cuisinier et l’aide-cuisinière, Véronique Noyon est une des quatre salariés des petits frères des Pauvres basés à Wissant. A Maris Stella, ouverte toute l’année, elle a vu passer beaucoup de personnes âgées, en grande précarité, vivant dans la rue, un groupe de femmes réfugiées venues de Lyon… Un public en général suivi à l’année par Les petits frères des Pauvres mais également des groupes extérieurs. Les séjours à Maris Stella relèvent de la vie en communauté , confie Véronique Noyon, chacun participe aux tâches : faire les lits, l’entretien journalier, mettre la table… . Les repas sont un moment de convivialité , explique Serge Vandienste, le cuistot. Dans les maisons de retraite, les repas sont souvent expédiés ou médiocres. Ici, on essaie de faire des repas un peu festifs. Par exemple, il y a toujours un plateau de fruits de mer pendant le séjour . J’adore être applaudi quand j’amène le plat , avoue-t-il. Maris Stella n’a n a pas toujours été une maison de vacances. Philippe Gallois, un habitant de Marcq-en-Barœul qui possède une maison de famille à quelques dizaines de mètres, auteur de plusieurs livres sur l’histoire l’histoire de Wissant et des environs, a retrouvé une carte postale, probablement des années vingt, montrant une minuscule maison portant le nom de Maris Stella.Magali Noël, Jean-Claude Darnal, Robert Dalban… A côté, un hangar aurait abrité l’avion du Comte Charles de Lambert. Ce dernier, qui a survolé en octobre 1909 la tour Eiffel, était candidat à la traversée de la Manche. Il a été devancé, la même année, par Louis Blériot. Fortement agrandie, la bicoque devient pension bourgeoise . Dans les années cinquante, le propriétaire, Henri Clément, fait construire un mini-golf. En 1958, la plaquette du Syndicat d’initiative de Wissant, qu’il préside, vante l’hôtel et ses spécialités […] très appréciées : sole meunière, homard grillé à l’estragon, poulet en croûte au foie gras et sa cave qui abrite une remarquable collection de crus . Des vedettes de l’époque, comme le ventriloque Jacques Courtois, y ont leurs habitudes. Une photo, toujours accrochée dans la salle à manger de la villa, montre, attablés dans le jardin, l’actrice Magali Noël (révélée par Jules Dassin dans Du rififi chez les hommes ), Robert Dalban (le majordome des Tontons flingueurs ) et le chanteur et écrivain Jean-Claude Darnal, copain de Raoul de Godewaersvelde. Les petits frères des Pauvres ont acheté la villa dans les années soixante-dix, à l’épouse de M. Clément, décédé quelques années auparavant, raconte Philippe Gallois. Je pense qu’elle aurait pu tirer un meilleur prix auprès de gens qui voulaient continuer à exploiter l’hôtel mais elle ne voulait pas vendre à n’importe qui… Et Maris Stella a entamé sa nouvelle vie.Ludovic FINEZ | Liberté-Hebdo | 22 août 20141) L’association a été aidée par le Département du Pas-de-Calais, la Region et des fondations.
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