« J’étais complètement perdue, je suis sortie dans la rue et je me suis dit il y a vraiment trop de monde pour moi, et là pour le coup je suis devenue plus anxieuse. Je n’étais pas à l’aise sans compter qu’il y avait des gens quand même qui ne mettaient pas de masque. », se souvient Annie, 66 ans, pour notre rapport publié en mars 2021 sur les impacts de la crise sanitaire (Petits Frères des Pauvres / Institut CSA).
Ce sentiment d’angoisse, d’oppression, ils sont nombreux à le ressentir depuis les premiers jours du déconfinement. D’ailleurs, notre rapport de juin 2020 sur les effets du confinement le montrait déjà à l’époque : les aînés comptaient, à 80 %, continuer à limiter leurs sorties et leurs contacts pendant le 1er déconfinement. Plus de 830 000 personnes âgées ne souhaitaient pas sortir.
Insécurité, vulnérabilité… des aînés en proie à des sentiments ambivalents
« Avec le déconfinement, nous sommes maintenant face à des situations ambivalentes où nos aînés ont besoin de voir leurs petits-enfants et craignent en même temps de les rencontrer car ils ont toujours peur de la contamination, ce qui va créer une dissonance cognitive. », prévient Hélène Romano, psychothérapeute spécialiste des victimes.
Après plus d’un an de crise sanitaire et d’isolement parfois très fort, les personnes âgées peuvent éprouver des difficultés à retrouver une vie normale : « Nos aînés ne se sentent pas protégés psychiquement parce que les liens intergénérationnels sont altérés, ils ne sont pas sécurisés parce que le virus est toujours présent, et leur estime d’eux-mêmes est très affaiblie parce qu’ils ne cessent d’entendre partout que les personnes âgées sont vulnérables, qu’elles sont à risques, qu’il faut que les aînés restent chez eux et que la société fait du jeunisme… », observe la psychothérapeute.
Déconfinement des personnes âgées : quelques conseils aux proches
Pour aider les personnes âgées de votre entourage à bien gérer cette étape de sortie de crise, votre présence et votre écoute seront toujours d’un grand réconfort.
Gardons à l’esprit que la Commission Nationale de lutte contre la maltraitance a rappelé dans sa définition de mars 2021 qu’un geste, une parole, une action peuvent faire maltraitance. Il est important de savoir rester attentifs, prévenants et à l’écoute des ressentis des personnes âgées en situation de vulnérabilité surtout si elles venaient à éprouver une angoisse à l’approche d’une sortie, d’une de vos visites ou d’un rendez-vous médical.
Pour prendre en compte le bien-être de nos aînés et préparer cette phase en douceur, Magali Assor, chef de projet sur la démarche éthique au sein des Petits Frères des Pauvres, rappelle que : « Parfois, avec beaucoup d’enthousiasme et une intention bienveillante à vouloir convaincre et stimuler une personne âgée pour retrouver rapidement une vie normale, on omet de respecter sa temporalité. Si la réouverture des terrasses est synonyme de joie pour la plupart des gens, la sensation de foule de nouveau dans les rues peut parfois être déstabilisante pour des personnes qui ont été très éprouvées par l’isolement social depuis un an et demi. Une hausse soudaine des stimulations sensorielles par exemple entraine beaucoup de fatigue. Ne pas brusquer les personnes, rester à l’écoute de leurs envies (plutôt que nos envies pour elles), s’ajuster à leurs attentes, c’est tout le sens de l’accompagnement des Petits Frères des Pauvres. Dans notre démarche de lutte contre les maltraitances, on s’attachera toujours à écouter ce que dit la personne de l’ambiance dans laquelle elle vit, plutôt que l’ambiance que nous pensons créer pour elle. Cela peut sembler bien modeste mais c’est une vraie attention aux violences invisibles qui sont en réalité nombreuses ».
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