Avec la crise du coronavirus, nombreux sont ceux qui ne peuvent pas accompagner leurs proches jusqu’à la fin de la vie, ni assister aux obsèques. Des situations très difficiles qui viennent complexifier le processus de deuil.
En effet, les cérémonies et rituels jouent un rôle important dans le processus de deuil car ils permettent de commencer à intégrer le décès d’une personne dans sa réalité, de symboliquement faire ses adieux au défunt et aussi de lui rendre hommage. Mais les rituels sont aussi l’occasion d’exprimer collectivement sa peine et de mobiliser les proches de l’endeuillé . Ils peuvent aussi rendre le décès « social », c’est-à-dire le faire sortir de la sphère confidentielle ou familiale : cela se déroule dans un lieu public, les obsèques rassemblent des proches et des moins proches, et cela donne un soutien à la personne endeuillée qui se sent reconnue dans sa peine.
5 idées dématérialisées de rituels de deuil
Pour rendre hommage au défunt, exprimer sa peine et commencer petit à petit le processus de deuil, il est possible de réinventer des rituels :
- Utiliser des outils d’hommages en ligne : ce sont des espaces sécurisés qui permettent d’écrire des messages, de stocker des photos par plusieurs contributeurs et éventuellement les imprimer (Inmemori, Celesteo, Dans nos cœurs…). L’écriture permet de mettre des mots sur ce que l’on ressent, voire de parler au défunt et de lui exprimer notre reconnaissance ou lui dire aurevoir.
- Assister à distance aux obsèques : des cérémonies peuvent parfois être filmées et retransmises en direct, avec l’accord de la famille et du lieu de culte (exemple : mieux-traverser-le-deuil.fr)
- Créer des recueils : compiler l’ensemble des photos, des témoignages et les imprimer en un livret dédié pour chaque personne . Cela permet de garder vivante l’image que nous souhaitons conserver du défunt.
- Faire un geste symbolique : par exemple, allumer une bougie à la même heure et le même jour, en hommage à la personne. Pour symboliquement manifester la communauté autour du défunt et de ses proches, et ne pas se sentir seul.
- Inventer un temps autour de ce qu’aimait la personne (chanson, poème, film ). Une façon de rendre présente la personne dans notre quotidien et de nous sentir reliée à elle.
« Bien que ces rituels soient virtuels, ils ont le mérite de permettre aux personnes d’exprimer leurs émotions, de dire leur peine ou leur affection pour le défunt. Les proches pourront aussi se sentir soutenus, et il est très important de ne pas être isolé pendant un processus de deuil. », précise Sabine de Baudus, chef de projet « maladie grave fin de vie » aux Petits Frères des Pauvres.
Aide pour faire son deuil : les conseils aux proches
Pour aider une personne à faire son deuil, il est d’abord important de lui permettre d’exprimer ses émotions. « Parler de la personne disparue va faire venir des larmes. Mais c’est un aspect important du travail de deuil, la charge émotionnelle est source de souffrance dans le deuil. Or, le fait de parler encore et encore de la personne disparue, de regarder les photos par exemple, permet au fil du temps d’user progressivement l’intensité de cette charge émotionnelle et de tendre vers plus d’apaisement. Si on n’exprime rien au sujet de cette personne, la charge émotionnelle reste intacte et donc la souffrance aussi reste intacte. », révèle Dr Christophe Fauré, psychiatre, sur Allodocteurs.fr.
Si on n’exprime rien au sujet de cette personne, la charge émotionnelle reste intacte
Ensuite, il faudra laisser du temps à la personne en deuil : lui expliquer à quel point le temps est un bon allié dans le processus du deuil. Enfin, faites-lui savoir qu’il existe des espaces de parole où elle peut raconter ce qu’elle vit ou ce qu’elle a vécu (comme l’association Empreintes). « Raconter les faits est un authentique besoin de la personne en deuil qui persiste pendant plusieurs mois. Le problème, c’est que les proches ont souvent l’impression que la personne en deuil tourne en rond autour de ce récit, alors que ce n’est pas le cas. Elle a besoin de le faire, et si on la laisse faire, en l’écoutant avec patience, on constate que ce besoin se tarit spontanément au fil du temps. » poursuit Christophe Fauré.
Les équipes de bénévoles en soins palliatifs des Petits Frères des Pauvres qui interviennent en milieu hospitalier ou à domicile accompagnent les personnes âgées en fin de vie et sont aussi présentes pour entourer les proches. « Si je n’avais pas eu ces visites, malgré l’aide de mes 2 enfants, ça aurait été encore plus dur. J’ai pu parler à cœur ouvert avec eux. C’est même plus facile que de parler avec la famille. On se livre mieux quand on a confiance et qu’on sent très bien que ces gens ne viennent pas par curiosité mais par générosité pour vous apporter quelque chose et on l’apprécie énormément », remercie Andrée, personne endeuillée à domicile.
Pour en savoir plus sur nos actions en soins palliatifs , découvrez notre page sur le bénévolat d’accompagnement des personnes malades et en fin de vie.