1er motif d’appel : l’isolement des plus de 50 ans
Sur les 75 000 appels de Solitud’écoute reçus en 2019, la majorité d’entre eux concernent l’isolement relationnel (perte du conjoint, éclatement familial, précarité…) et/ou géographique (notamment en milieu rural). « C’est une évidence : les personnes appellent Solitud’écoute parce qu’elles sont isolées et que nous sommes les seuls avec qui ils peuvent discuter » explique Marie, bénévole Solitud’écoute à Paris depuis 12 ans. Par exemple, « un grand nombre de nos appelants sont en rupture familiale. Les enfants sont absents ou ne supportent plus l’angoisse exprimée par leurs parents qui se sentent seuls. J’ai eu l’appel d’une dame vieillissante, de plus en plus dépendante mais encore au domicile, à qui ses enfants on dit « on s’occupera de toi quand tu seras en Ehpad. D’ici là, non ! »», poursuit-elle.
« Les appelants nous disent souvent que nous sommes les seules personnes à qui ils ont parlé de la journée », acquiesce Geneviève, bénévole Solitud’écoute à Paris depuis 7 ans.
2e motif d’appel : les problèmes de santé
Perte de santé, de mobilité, d’autonomie, troubles de santé mentale, dépression voir idées suicidaires, sont autant de thématiques englobées dans ce vaste sujet que sont les problèmes de santé. Justine, bénévole Solitud’écoute à Paris depuis 7 ans, se souvient par exemple du cas de Sylviane qui appelle régulièrement au sujet de sa santé : « Obèse, impotente, elle dit qu’elle n’est pas sortie de chez elle depuis 19 ans. Elle avoue qu’elle appelle sa voisine plusieurs fois par jour, mais elle n’entretient pas de bonnes relations avec les personnes qui l’entourent, y compris la bénévole de l’Association qui la visite. On rencontre quelque fois des personnalités ainsi, qui souffrent terriblement de leurs handicaps, qui passent leurs journées à téléphoner à tous les numéros de la téléphonie sociale, mais qui semblent incapables d’y trouver un apaisement, ni même de nouer des relations de bon voisinage ».
Les bénévoles écoutants de Solitud’écoute doivent aussi répondre occasionnellement à des appels suicidaires : « J’ai reçu un appel ce dimanche. Une dame octogénaire, qui à la suite d’une maladie, est en train de perdre la vue et ne le supporte pas. Elle m’a dit avoir assez de barbituriques et d’alcool pour mettre fin à ses jours. Grâce à la formation que j’ai reçue aux Petits Frères des Pauvres, j’ai réussi à gérer l’appel », relate Marie.
3e motif d’appel : les difficultés liées à la vie affective et sexuelle
Au sein de ce thème sont regroupées, à la fois les difficultés de la vie familiale, la vie de couple mais aussi de la vie sexuelle.
Raphaël, bénévole, repense ainsi à Eric, qui traverse parfois des moments difficiles qu’il n’ose pas confier à son entourage : « Eric n’est pas une personne dite isolée. Il a une famille, un travail et même des amis. Pourtant il lui arrive de se sentir seul, parfois incompris. Il n’ose pas en parler à ses proches et c’est pourquoi il appelle Solitud’écoute de manière très ponctuelle. Il y trouve l’oreille attentive et compréhensive dont il a besoin ».
Les équipes de bénévoles répondent aussi à des appels de personnes homosexuelles qui trouvent un réconfort à se confier dans l’anonymat. « Je me souviens de Gabriel, un être attachant, qui vivait dans une maison isolée en milieu rural, et qui nous décrivait sa solitude et sa difficulté à assumer sa différence. Il cherchait des hommes par petites annonces et disait avoir peur de faire une mauvaise rencontre » se rappelle Justine.
4e motif d’appel : la maltraitance
Ici, il s’agit de personnes qui se plaignent davantage de leur situation de tutelle ou de curatelle imposée plus que de maltraitance physique, mentale ou financière bien que cela puisse arriver. « Par exemple, j’ai une dame grabataire qui se plaint de la « maltraitance » de son auxiliaire de vie. Elle n’installe pas son fauteuil au bon endroit par rapport au soleil ou lui laisse sa canne à l’autre bout de la pièce. Est-ce réellement de la maltraitance ? Nous n’avons que la vision de la dame… On peut imaginer que c’est plus un manque d’attention de la part du personnel soignant que de la maltraitance intentionnelle mais pour la dame, c’est dur à vivre au quotidien… et elle n’a personne d’autre à qui le dire », cite Marie.
5e motif d’appel : l’ennui
L’ennui, c’est la conséquence directe de l’isolement dans lequel sont plongés les appelants de Solitud’écoute. Pour rompre la monotonie des journées et passer le temps, ils osent composer le numéro de Solitud’écoute. « Nous avons une dame grabataire, isolée, qui appelle tous les jours à 15h. Elle ne peut plus sortir de chez elle et s’ennuie. Elle nous demande juste d’être son rayon de soleil pendant 10 minutes, de lui raconter quelque chose et ça lui suffit pour s’évader des quatre murs de sa chambre » raconte Marie.
Raphaël témoigne d’un autre appel : « Simone ne peut plus sortir de chez elle depuis 3 ans. Ses contacts sont limités à ceux qu’elle entretient avec son aide-soignante, son aide-ménagère et, plus rarement son médecin traitant. Les journées sont longues et Simone s’ennuie, mais elle a un repère : elle sait qu’elle peut appeler Solitud’écoute l’après-midi. Le simple fait de le savoir la rassure. Quand les journées sont trop longues, elle appelle ; elle n’a pas toujours quelque chose à dire, elle a parfois juste envie d’entendre une voix chaleureuse et échanger quelques mots. »
Vous aussi, vous avez envie d’égayer la journée de milliers d’appelants ? Nous avons besoin de vous ! Plus d’informations sur solitud-ecoute@petitsfreresdespauvres.fr