Hiver 1949. Dans une France ruinée par la guerre, Armand Marquiset décide d’organiser sa première action de Noël, trois ans après avoir créé les petits frères des Pauvres. Il lance son premier appel aux « 20 francs de Noël », qui permet de récolter de quoi distribuer 500 colis : essentiellement des friandises et du mousseux, pour permettre aux personnes âgées de changer d’un quotidien où de tels plaisirs sont quasiment inaccessibles.
Premier réveillon de Noël
Deux ans plus tard, les « 20 francs de Noël » permettent d’organiser, en plus des colis, le premier réveillon auquel participeront 200 de nos « Chers et Vieux Amis ». Les petits frères des Pauvres se distinguent dès le départ par leur exigence de qualité et leur volonté de respecter la tradition de Noël. Le réveillon a lieu dans la nuit du 24 au 25 décembre, précédé par une messe de minuit ; chaque invité est emmené et ramené par un bénévole ; et bien entendu, la dinde de Noël trône sur chaque table !
Gabriel Bertrand, aux côtés d’Armand Marquiset depuis 1948, n’a pas oublié son premier réveillon avec les petits frères des Pauvres. « Il y avait de jolies nappes, des fleurs sur chaque table, un orchestre pour que nous puissions danser. Nos invités vivaient une vraie fête de Noël comme ils n’en avaient pas connue depuis longtemps ! »
En 1963, 100 000 colis et réveillons de Noël !
Les Noëls des petits frères des Pauvres vont dès lors se développer et s’étendre d’année en année, grâce à la générosité croissante du public et à la mobilisation de bénévoles toujours plus nombreux. En 1955, 5 000 personnes sont invitées aux réveillons et 10 000 colis sont distribués. Ils seront plus nombreux encore les années suivantes.
Devenus un phénomène de société, ces actions de Noël retiennent l’attention du Figaro, qui y consacre un numéro spécial en novembre 1963. Un mois plus tard, l’association atteint le chiffre à peine croyable de 100 000 colis et réveillons. « Les actions de Noël des années 1960 sont marquées par une mobilisation et un nombre de bénéficiaires records », se souvient Gabriel Bertrand. « Les réveillons étaient de grandes fêtes populaires réunissant jusqu’à un millier d’invités ! ».
Aujourd’hui, des réveillons plus intimistes
Au cours des années 70-80, la société devient plus individualiste et moins en recherche de grands rassemblements. Avec l’allongement de l’espérance de vie, nos ainés sont également moins mobiles, plus fatigables… Les Noëls des petits frères des Pauvres vont dès lors évoluer eux aussi et se diversifier pour mieux répondre aux désirs de nos Vieux Amis. « A côté des grands réveillons collectifs, moins nombreux, vont se développer des soirées plus intimistes moins bruyantes et plus conviviales », souligne Michel Chegaray, engagé aux côtés des petits frères des Pauvres depuis 1971 et Président de l’association de 2007 à 2015.
Les colis de Noël évoluent également. Aux aliments de fête s’ajoutent des cadeaux personnalisés, de plus en plus souvent accompagnés d’un réveillon partagé au domicile des personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas se déplacer. « Nous privilégions désormais la proximité, le relationnel et l’adaptation aux désirs de chacun », précise Michel Chegaray.
Aujourd’hui comme hier, les Noëls des petits frères occupent toujours une place centrale. « Les personnes âgées souffrent toujours d’isolement et de précarité », insiste Michel Chegaray. « Et cette solitude est encore plus difficile à supporter pendant les fêtes, surtout celle de Noël. Nous devons donc continuer à nous mobiliser, grâce au soutien des donateurs, pour partager la fraternité de Noël avec nos Vieux Amis ».
Philippe Granjon