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Travailler jusqu’à 64 ans : quelle place pour les seniors sur le marché du travail ?

Le taux d'emploi des seniors reste faible en France. © Dorde Krstic / Shutterstock.com
Le taux d'emploi des seniors reste faible en France. © Dorde Krstic / Shutterstock.com

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Alors que le projet de réforme des retraites prévoit de retarder l’âge de départ à la retraite, les Petits Frères des Pauvres s’interrogent sur les mesures de soutien à l’emploi des seniors.

Travailler de plus en plus tard… c’est ce que vise le nouveau projet de réforme des retraites actuellement débattu à l’Assemblée nationale. L’âge légal de départ à la retraite pourra être repoussé à 64 ans (contre 62 ans aujourd’hui) mais cela ne garantit pas pour autant le versement d’une pension à taux plein (50 % du salaire annuel de référence). La retraite à taux plein est automatique à partir de 67 ans : c’est ce qu’on appelle l’âge du taux plein.

Si la réforme a bien prévu de décaler l’âge de la retraite, les Petits Frères des Pauvres regrettent que le projet ne propose pas un plan d’envergure pour l’emploi des salariés âgés. 

En effet, même s’il a fortement progressé en 20 ans en France, le taux d’emploi des 55-64 ans est de 56 % en 2021, avec un taux d’emploi plus faible chez les femmes. Il baisse ensuite drastiquement à 35,5% pour les 60-64 ans (rapport de la Dares, avril 2022). 

Quant au taux de chômage, il est en augmentation au fur et à mesure que les seniors prennent de l’âge. Ainsi, on part de 5,2 % chez les 50-54 ans à 6 % chez les 55-60 ans pour atteindre les 6,9 % pour les 60-64 ans. 

Pour notre Association, sans des mesures fortes pour favoriser l’emploi des salariés les plus âgés jusqu’à leur retraite, le risque est de voir exploser, avec le report de l’âge légal, les « NER » (seniors sans emploi ni retraite) dont le nombre était en 2015, selon la Drees, de 1,4 million de personnes âgées de 53 à 69 ans, en majorité des femmes, et dont 1 /3 vivent sous le seuil de pauvreté.

Seniors au travail : changer la mentalité des entreprises

Que l’âge de la retraite soit décalé ou pas, de nombreux seniors souhaitent rester actifs dans le monde de l’entreprise. Mais du côté des entreprises, le changement de regard sur nos aînés n’est pas encore acquis… 

Selon une étude Apec/Pôle emploi de janvier 2022, pour 81 % des cadres seniors, l’entrée au chômage est la conséquence d’une rupture de contrat à l’initiative de l’employeur ! Par ailleurs, les seniors de plus de 55 ans au chômage resteraient 2 fois plus longtemps sans emploi que le reste des demandeurs d’emploi en raison des difficultés à trouver un poste. Ces difficultés ? Les discriminations des recruteurs liées à l’âge et l’inadéquation des candidats seniors aux profils de cadres recherchés, d’après cette même enquête.

C’est malheureusement un fait : les seniors restent discriminés dans l’accès à l’emploi, victimes de stéréotypes fortement ancrés. Une étude réalisée par l’IPSOS pour A Compétence Egale en juillet 2022 montrait par exemple que les recruteurs ont de véritables freins à embaucher des seniors pensant notamment au temps restant aux employés avant leur retraite, à une santé prétendument plus fragile, au coût pour l’entreprise, à des difficultés d’adaptation aux technologies ou encore d’intégration au sein d’équipes plus jeunes…

Emploi des seniors : repenser leur place sur le marché du travail

Le mentorat, une des solutions pour réconcilier les seniors avec le monde de l'entreprise ? © Mangostar/ Shutterstock.com

Victimes de préjugés, les seniors sont donc souvent poussés vers la sortie avant d’arriver à l’âge légal de la retraite. Pourtant, ils représentent des puits de savoir et d’expertise pour les entreprises. Un cercle vertueux peut s’instaurer !

On pense par exemple au mentoring, c’est-à-dire, la transmission des savoir-faire et accompagnement des juniors par des seniors dans leur intégration. Les compétences rares ou spécifiques des seniors sont ainsi préservées et les échanges intergénérationnels favorisés ! Ce dispositif est encouragé par le contrat de génération, qui soutient financièrement la mise en place de binômes juniors-seniors dans les entreprises français.

A ne pas oublier non plus, le mécénat de compétences qui séduit de plus en plus de salariés, particulièrement les seniors qui y voient une belle façon d’effectuer une transition entre monde du travail et engagement associatif à la retraite. Pour l’employeur, 60 % du salaire et des charges patronales sont déduits de l’impôt sur les sociétés, dans la limite de 0,5 % du chiffre d’affaires (hors taxes).

Des solutions existent pour mieux intégrer les seniors sur le marché du travail : à nous tous d’agir !

 

 

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Audrey Achekian
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