« Il va faire beau ce week-end », « Tu as mangé quoi ce midi ? »… un bavardage qui vous paraît bien inutile et chronophage ? Pourtant… ces conversations présentent au contraire de nombreux bienfaits.
Ainsi, une étude publiée en 2014 de l’Université de Columbia au Canada, intitulée « Interactions sociales et bien-être : le pouvoir surprenant des liens faibles » affirmait que le simple fait de saluer une connaissance, ou d’avoir une rapide conversation avec un voisin ou un serveur, nous rendait plus heureux.
Les bavardages peuvent aussi servir d’entrée en matière pour discuter de sujets plus profonds : « Les bavardages fonctionnent comme un lubrifiant social qui aide à instaurer la confiance et à créer un rapport avec quelqu’un… qui peut éventuellement devenir une relation plus étroite et significative par la suite », estime Jessica Methot, professeure associée de gestion des ressources humaines à l’université de Rutgers, citée dans un article de France Culture (13/05/2021).
Nos aînés isolés, en manque de petites et de grandes discussions
Alors que la crise sanitaire a aggravé l’isolement des personnes âgées (32 % des Français de 60 ans et plus ont ressenti de la solitude tous les jours ou souvent, soit 5,7 millions de personnes pendant le confinement, selon notre étude sur les effets du confinement en mars 2020), il apparaît essentiel de maintenir le lien social. Comment ? De nombreuses études ont montré que des appels téléphoniques réguliers, laissant toute leur place au quotidien et à l’empathie étaient efficaces contre la solitude… et ces conversations contribuent à apaiser l’anxiété.
Par ailleurs, notre étude sur les impacts de la crise sanitaire (juin 2021, avec l’institut CSA) montrait qu’en matière de lutte contre l’isolement et la désocialisation, les personnes âgées soulignaient l’importance de la quotidienneté du lien, même s’il est succinct. Se sentir objet d’inquiétudes et d’égards est un indicateur majeur de sollicitude et moins que la durée ou la variété des appels, c’est bien leur fréquence qui semble déterminante dans le vécu du lien.
« Pour une vieille personne, le téléphone c’est important. Il faut comprendre ça ! », clame Fabienne, 89 ans. En effet, pour les personnes âgées isolées qui vivent souvent seules, le téléphone apparaît comme le seul moyen de rester en contact et surtout d’échanger quelques mots dans la journée. Notre étude de mars 2020 le montrait, pendant le confinement, 650 000 personnes âgées n’avaient trouvé personne à qui parler…
« Une femme de 93 ans en EPHAD a appelé en pleurs car elle était vraiment trop coupée du monde et j’ai constaté son soulagement de pouvoir parler, dire sa solitude mais aussi parler d’autres choses plus légères, rire… Ses remerciements pour notre écoute étaient touchants. » témoigne ainsi une bénévole de la ligne de soutien téléphonique Solitud’écoute.
Téléphoner aux personnes âgées isolées, un lien essentiel
« Être écoutée, c’est se sentir valorisée, intéressante et donc vivante », souligne Colette.
Lors des conversations entre les personnes âgées que nous accompagnons et nos bénévoles, nous observons que ces appels téléphoniques sont l’occasion d’échanger des banalités ou des sujets plus profonds comme le remarquait pendant le confinement une bénévole de Solitud’écoute : « J’ai trouvé que les appelants manifestaient pour certains le besoin de pouvoir échanger, converser avec quelqu’un, se changer les idées, parler d’autre chose, un moyen pour eux de desserrer l’angoisse, de tromper l’ennui. ».
Avoir une « petite » conversation avec une voisine âgée qui attend devant l’ascenseur par exemple ou au supermarché est à la portée de chacun. Pas besoin d’avoir quelque chose à dire ni de maîtriser un sujet de conversation : la pluie et le beau temps sont depuis toujours des sujets intarissables. Nous pouvons tous prêter une voix chaleureuse, une écoute attentive pour de petites ou grandes histoires qui ne demandent qu’à se raconter ? Si vous pensez avoir échangé des banalités avec une dame âgée assise sur un banc ou avoir « juste bavardé », dites-vous bien qu’en réalité vous avez déjà contribué à briser le sentiment de solitude de certains de nos aînés.
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